Accueil Gaz : une hausse déguisée qui pèse lourd – Ce que cache vraiment l’augmentation du 1er juillet

Gaz : une hausse déguisée qui pèse lourd – Ce que cache vraiment l’augmentation du 1er juillet

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Derrière une hausse de 6 % annoncée comme technique, c’est tout un équilibre économique qui vacille. Entre logique tarifaire, pression sur les infrastructures et instabilité géopolitique, la facture de gaz des ménages français est au cœur de tensions multiples.

Après deux mois d’accalmie, le tarif repère du gaz s’apprête à repartir à la hausse dès le 1er juillet. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) vient d’annoncer une revalorisation du tarif de référence, qui passe de 277 à 290 euros. Si la hausse officielle s’élève à 6 %, son impact réel sera plus nuancé pour les consommateurs. Pourtant, cette hausse ne relève pas simplement d’un ajustement saisonnier : elle traduit des choix économiques profonds, une pression sur les gestionnaires d’infrastructure et une fragilité structurelle de l’approvisionnement énergétique en Europe.

⚙️ L’entretien du réseau ou l’effet boomerang d’une consommation en recul

La hausse du 1er juillet est principalement liée à l’augmentation du tarif d’acheminement, autrement dit, le coût de l’utilisation du réseau de distribution opéré par GRDF. Ce poste représente environ 25 % de la facture finale des foyers utilisant le gaz pour le chauffage ou la cuisson. En clair, même si le prix du kWh peut sembler stable ou même en baisse sur les marchés, la structure de la facture permet de compenser cette baisse ailleurs.

La rémunération de GRDF dépend directement de la consommation des ménages

explique Aurian de Maupeou, cofondateur de Selectra, interrogé par Ouest-France. Or, c’est là que le bât blesse : si le nombre de foyers abonnés reste stable, leur consommation s’effondre. En trois ans, elle est passée de 474 à 361 térawattheures, soit une chute de près de 25 %. Cette sobriété énergétique — encouragée par des hivers plus doux, des gestes écologiques et des appareils plus performants — fragilise donc le financement des infrastructures.

Ainsi, pour maintenir un niveau de revenus suffisant afin d’assurer l’entretien et la modernisation du réseau, la hausse du tarif d’acheminement devient inévitable, selon les régulateurs. Mais ce mécanisme, en apparence rationnel, agit comme un cercle vicieux : plus la consommation baisse, plus les coûts fixes sont répartis sur une base restreinte… donc plus le tarif unitaire grimpe.

Géopolitique, TVA et fiscalité : un cocktail instable pour les consommateurs

La hausse de juillet ne serait qu’un avant-goût si plusieurs facteurs internationaux venaient à se détériorer. Certes, les cours mondiaux du gaz ont reculé de 8 % en juin, ce qui semble offrir un répit. Mais la réalité est bien plus incertaine. Comme le souligne Jacques Percebois, économiste de l’énergie :

20 % du gaz liquéfié mondial transite par le détroit d’Ormuz

un point de passage stratégique actuellement menacé par les tensions entre Israël et l’Iran. Une escalade militaire dans la région pourrait immédiatement faire flamber les prix du gaz, à l’instar du pétrole.

Autre paramètre préoccupant : la hausse de la TVA sur le gaz prévue au 1er août, qui passera de 5,5 % à 20 %. Certes, le gouvernement prévoit une baisse parallèle d’une taxe sur la consommation, mais tous les ménages ne seront pas logés à la même enseigne. Les plus petits consommateurs, qui bénéficiaient jusque-là d’un faible niveau de taxation, pourraient subir une augmentation nette de leur facture. L’effet redistributif de la réforme est donc incertain et pourrait accentuer les inégalités entre foyers.

À noter également : le tarif repère n’est qu’un indicateur. Chaque fournisseur est libre de fixer ses prix, ce qui peut générer des écarts importants selon les contrats. Même les abonnements dits « à prix fixe » peuvent intégrer une clause de répercussion du tarif d’acheminement (ATRD), souvent ignorée des consommateurs.

L’œil de l’expert : vers une nouvelle donne énergétique ?

La hausse du 1er juillet n’est pas une simple décision technique. Elle révèle la complexité d’un système énergétique en transition, où la baisse de consommation — a priori positive — déséquilibre les modèles économiques existants. Alors que l’inflation énergétique semblait sous contrôle après les tensions de 2022-2023, les coûts fixes du réseau et les incertitudes internationales ravivent la volatilité tarifaire.

Plus que jamais, le consommateur devra faire preuve de vigilance et se pencher en détail sur son contrat. Comparer les offres, comprendre les clauses de révision, suivre les évolutions fiscales : autant de réflexes essentiels dans un contexte où la transparence tarifaire reste encore inégale.

Written by
Fabien Monvoisin

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français

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