Radiographie économique du foyer français : épargne, crédit, immobilier : le patrimoine des ménages français se transforme à l’aune des mutations économiques. ces derniers jours, une étude détaillée de l’Insee apporte un éclairage précieux sur les comportements patrimoniaux des Français en 2024, mettant en lumière des tendances durables, mais aussi des glissements notables. Si l’immobilier, l’assurance-vie et les livrets d’épargne dominent toujours, d’autres placements historiques comme le PEL déclinent fortement. Décryptage de quatre indicateurs révélateurs qui dessinent le paysage financier des ménages.
Les piliers du patrimoine : immobilier, livrets et assurance-vie
L’immobilier demeure un socle fondamental du patrimoine français. Selon l’Insee, 61,2 % des ménages détiennent au moins un bien immobilier en 2024. Parmi eux, 57,2 % sont propriétaires de leur résidence principale, un chiffre stable depuis 1998. L’accès à la propriété reste un objectif fort : comme le souligne Yannick Borde, président du réseau Procivis, « 60 % des locataires souhaitent devenir propriétaires », un désir qui grimpe à 80 % chez les 18-34 ans.
Le livret A, malgré son faible rendement, reste un incontournable : près de 8 Français sur 10 en possèdent un (78,1 %). Plus largement, 86,9 % des ménages détiennent un produit d’épargne, une hausse de 3 points depuis 2021, stimulée notamment par l’excès d’épargne post-Covid.
Autre placement de poids : l’assurance-vie. En 2024, 41,7 % des ménages en détiennent une, contre seulement 25,9 % en 2004. Un bond impressionnant de près de 16 points en vingt ans, porté par ses avantages successoraux. Dans une enquête récente, 55 % des sondés la jugent plus adaptée à la transmission que l’immobilier ou les livrets réglementés, un signal fort de sa montée en puissance.
Crédit, dettes et PEL : des lignes qui bougent
Moins d’un ménage sur deux (46,5 %) rembourse un emprunt, un chiffre relativement stable depuis 2015. Ce crédit peut concerner l’achat immobilier, les travaux, l’achat d’un véhicule ou des dépenses courantes, mais reste majoritairement privé. La tranche d’âge la plus concernée par les emprunts immobiliers se situe entre 30 et 49 ans, cœur actif des projets de vie.
Cependant, la dette professionnelle reste marginale, avec moins de 2 % des ménages concernés. Quant aux crédits à la consommation, ils représentent autant de souscriptions que les crédits immobiliers, signe d’un équilibre entre projets durables et besoins immédiats.
Le Plan Épargne Logement (PEL), autrefois pilier de la stratégie patrimoniale, s’effondre doucement. En 2024, seuls 27 % des ménages en possèdent un, contre 40,9 % vingt ans plus tôt. Les taux historiquement bas offerts par ce produit, comparés à d’autres alternatives, ont découragé les épargnants.
️ L’œil de l’expert : un patrimoine sous tension, entre tradition et mutation
Cette photographie du patrimoine français met en lumière un double phénomène : la permanence des placements historiques comme le livret A et l’immobilier, et la montée en puissance de l’assurance-vie, portée par sa souplesse fiscale et sa rentabilité perçue. Mais les jeunes générations peinent encore à accéder à la propriété, freinées par la hausse des prix et la complexité du crédit.
Par ailleurs, l’effritement du PEL et la stagnation des emprunts reflètent un arbitrage plus stratégique des ménages, qui adaptent leur comportement à un environnement économique plus incertain. À l’avenir, l’optimisation fiscale et la diversification des supports seront sans doute les clés d’un patrimoine plus résilient.