L’annonce était attendue, elle promet d’être fracassante. Ce mardi, le Premier ministre François Bayrou s’apprête à dévoiler les grandes lignes du budget 2026, avec un objectif colossal : réduire de 40 milliards d’euros la dépense publique. Une nécessité pour contenir un déficit abyssal creusé par la pandémie, les politiques de soutien massif et la hausse des taux d’intérêt. Mais à quel prix ?
Entre gel des prestations sociales, reculs sur les retraites, coupes dans les dépenses de santé et hypothèse d’un alourdissement de la fiscalité des plus aisés, l’exécutif s’avance sur une ligne de crête périlleuse. Dans une France où l’inflation pèse encore sur les ménages et où les tensions sociales restent vives, ces mesures risquent de provoquer un choc politique, économique et psychologique.
Une cure d’austérité qui ne dit pas son nom
L’heure des comptes a sonné. Ce mardi, à 16h, François Bayrou lèvera le voile sur un budget 2026 que beaucoup redoutent déjà comme l’un des plus douloureux de la Ve République. Objectif affiché : dégager 40 milliards d’euros d’économies pour tenter de contenir un déficit public devenu incontrôlable.
Un chiffre jugé « infernal » par une ministre, citée par RMC, qui évoque une perspective capable de « faire mal, très mal » à l’ensemble des contribuables. Car ce budget ne pourra pas se contenter de simples ajustements : il s’annonce comme un coup de rabot généralisé sur les dépenses sociales et fiscales, dans un climat déjà lourd d’incertitudes économiques.
La stratégie du Premier ministre repose en partie sur le gel des principales prestations sociales, du barème de l’impôt sur le revenu et des pensions de retraite, autrement dit, une « année blanche » pour les Français. Une méthode brutale, mais qui pourrait rapporter entre 5 et 15 milliards d’euros.
Le timing est d’autant plus sensible qu’Emmanuel Macron a, dans le même temps, annoncé 3,5 milliards d’euros supplémentaires pour le budget de la Défense. Un message contradictoire pour l’opinion, alors que les hausses d’impôts et les baisses de prestations guettent.
Hausse d’impôts, coupes sociales : tous les scénarios sont sur la table
Dans l’arsenal de mesures étudiées par Matignon, plusieurs pistes inquiètent déjà les économistes comme les élus locaux :
- Moins de jours fériés : la suppression d’une ou deux journées chômées permettrait de dégager des milliards… au prix d’un mécontentement populaire certain.
- Réduction des dépenses de santé : avec la hausse des jours de carence pour les arrêts maladie et un rabot sur les prises en charge longue durée.
- Moins de services publics locaux : conséquence directe d’une possible baisse des dotations aux collectivités.
- Diminution ou suppression de certains crédits d’impôts : notamment sur les dépenses de transition énergétique ou les aides aux services à domicile.
Mais François Bayrou ne veut pas laisser peser la facture uniquement sur les classes moyennes. Selon plusieurs sources proches du dossier, une hausse de la fiscalité sur les plus aisés – via un renforcement de la fiscalité patrimoniale ou un ajustement des tranches supérieures de l’impôt sur le revenu – serait « envisagée » pour renforcer l’équité du plan.
Tout cela dans un contexte économique plombé par les conséquences du “Quoi qu’il en coûte”, la flambée des taux d’intérêt sur la dette souveraine, et l’impératif de ramener la France dans les clous budgétaires européens.
️ L’œil de l’expert : la ligne de crête
Avec ce budget, François Bayrou joue une partie à haut risque, à la fois économique, politique… et sociale. Si la trajectoire des finances publiques nécessite en effet un redressement, l’ampleur des mesures prévues – notamment la fameuse « année blanche » – peut décourager la consommation, affaiblir le moral des ménages, et saper la croissance.
Le vrai défi ? Trouver un équilibre entre rigueur et justice. Car une austérité perçue comme injuste pourrait raviver tensions sociales, mouvement de contestation et abstention massive aux prochaines échéances électorales.
Conseil d’expert : il est urgent d’associer les partenaires sociaux, les élus territoriaux et les citoyens à cette réforme. La pédagogie budgétaire ne suffit plus : il faut réintroduire la confiance dans la parole publique pour que l’effort soit partagé… et accepté.