L’Union européenne se retrouve une nouvelle fois dans l’expectative face à l’imprévisibilité de Donald Trump. Suite aux mesures tarifaires drastiques de la part des États-Unis, l’UE, après avoir décidé de riposter fermement, a fait marche arrière en suspendant temporairement sa réponse. Entre tensions et négociations, quelle stratégie l’UE doit-elle adopter pour éviter un affrontement frontal tout en préservant ses intérêts économiques ?
⏯ Un calcul délicat : riposte ou pause pour la négociation ?
Depuis mars, l’administration Trump a mis en place plusieurs séries de droits de douane qui ont mis à mal les relations commerciales avec l’Union européenne. Ces mesures incluaient des taxes de 25 % sur l’acier et l’aluminium, 25 % supplémentaires sur les automobiles, ainsi que 20 % sur tous les autres produits en provenance de l’UE. Face à ces décisions, l’UE n’a pas tardé à annoncer qu’elle imposerait ses propres taxes, visant principalement des produits agricoles et industriels comme le soja, les motos, les produits cosmétiques ou encore la volaille.
Cependant, à la surprise générale, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé ce jeudi la suspension temporaire de ces contre-mesures pour une durée de 90 jours. Cette décision fait suite à la démarche de Donald Trump, qui a également suspendu ses propres droits de douane pendant trois mois, avec l’exception notable de la Chine. Le but déclaré par la présidente est d’« offrir une chance aux négociations » et de tenter de trouver une issue diplomatique. Mais elle a averti : si les négociations échouent, l’UE sera prête à activer ses contre-mesures.
Négociations cruciales : l’UE prête à imposer son autorité
Le paquet de sanctions préparé par l’Union européenne, d’une valeur estimée à plus de 20 milliards d’euros, comprenait des droits de douane sur des produits allant du soja à des produits électroniques, en passant par des produits de maquillage. Ce choix stratégique visait notamment à affecter des secteurs clés dans les États républicains, qui sont traditionnellement proches de Trump. Les premières taxes devaient entrer en vigueur dès la mi-avril, avec des étapes supplémentaires programmées pour mai et la fin de l’année.
Mais à l’heure actuelle, tout est suspendu, et l’UE se retrouve à une croisée des chemins. Thierry Breton, ancien commissaire européen et ministre de l’Économie, a souligné que l’unité entre les États membres de l’UE est essentielle. « Il faut se mettre ensemble, l’unité est absolument clé », a-t-il insisté, rappelant que l’UE doit agir de manière coordonnée pour maximiser son pouvoir de négociation.
Cependant, la difficulté des négociations est exacerbée par la position de Donald Trump, qui a clairement exprimé son intention de ne pas rencontrer Ursula von der Leyen. Selon Thierry Breton, la Commission européenne doit imposer son autorité sur ces discussions, car elle détient la délégation exclusive pour négocier les accords commerciaux extérieurs. Pour lui, la suspension de la mesure de Trump, quelques heures après son entrée en vigueur, démontre que « ce sont ceux qui prêtent aux États-Unis qui sont dans une position de rapport de force. » Il ajoute que, dans ce contexte, l’UE, étant un créancier majeur des États-Unis, peut utiliser cette relation financière comme levier.
L’œil de l’expert : quelle diplomatie commerciale européenne ?
L’UE semble opter pour une approche mesurée, cherchant à éviter un conflit commercial total avec les États-Unis. Cependant, le temps qui passe pourrait réduire la patience des acteurs européens. L’objectif doit être clair : maintenir la pression tout en explorant les avenues diplomatiques pour éviter que la guerre commerciale ne dégénère. En cas d’échec des négociations, l’UE devra être prête à réagir de manière unifiée et stratégique, en exploitant pleinement ses leviers économiques.