Alors que les tarifs des complémentaires santé ont grimpé de 6 % en moyenne cette année, une initiative unique fait figure d’exception bienvenue. En juin 2025, 1,2 million d’adhérents à Harmonie Mutuelle, la première mutuelle santé de France, vont recevoir 44 € chacun. Un versement symbolique mais significatif, issu du « dividende éco-santé« , un dispositif inédit qui reflète un autre rapport entre cotisations, performance financière et engagement des adhérents. Cette opération de redistribution, qui atteint au total 84 millions d’euros, révèle une conception mutualiste assumée, fondée sur la solidarité, la prévention… et la transparence.
Quand l’excédent profite aux cotisants : une logique de redistribution solidaire
Créé en 2020, le dividende éco-santé est un mécanisme propre à Harmonie Mutuelle. Il permet de redistribuer une partie des excédents financiers à ses membres, à condition que ceux-ci soient adhérents depuis au moins deux ans – ce qui sera le cas pour les 1,2 million de bénéficiaires identifiés en février dernier.
Contrairement aux compagnies d’assurances classiques, les mutuelles sont des entités à but non lucratif, sans actionnaires à rémunérer. Cela permet, en cas de résultats financiers positifs, de choisir entre la mise en réserve pour les années difficiles ou la redistribution directe aux membres. Catherine Touvrey, directrice générale d’Harmonie Mutuelle, l’explique ainsi dans Le Parisien :
« L’argent vient des adhérents et revient aux adhérents. »
Cette année, 40 millions d’euros seront alloués aux particuliers, tandis que 44 millions iront aux entreprises clientes, confirmant la vocation collective et égalitaire du dispositif. Ce choix tranche avec un secteur globalement en tension, dans lequel les cotisations ont connu une hausse généralisée.
Prévention, responsabilité et transparence : les piliers du modèle Éco-santé
Au-delà de la dimension financière, le dividende éco-santé repose sur une philosophie incitative : impliquer les adhérents dans le bon fonctionnement de leur mutuelle, en valorisant les comportements favorables à la santé.
Dans son rapport annuel, Harmonie Mutuelle insiste sur l’importance de « prévenir plutôt que guérir », en misant sur des dépistages réguliers, une hygiène de vie saine, et un recours précoce aux soins. Cette approche a pour but de limiter les coûts à long terme, mais aussi de responsabiliser les assurés dans leur propre parcours santé.
Ce mécanisme joue également un rôle anti-fraude, en instaurant une relation plus directe entre la bonne santé financière de la mutuelle et les pratiques de ses membres. Comme le souligne Catherine Touvrey :
« Nous n’avons pas intérêt à générer trop de résultats, car l’excédent reviendrait aux adhérents. »
Une déclaration qui illustre un modèle de régulation éthique, fondé sur un équilibre entre efficacité économique et mission sociale. Un point d’autant plus important que le secteur des complémentaires est confronté à une pression croissante, notamment en raison de la volonté de l’État de récupérer 1,1 milliard d’euros d’excédents via la suppression de certains transferts de charge.
️ L’œil de l’expert : un contre-modèle éclairant
Le cas d’Harmonie Mutuelle offre un contre-modèle éclairant dans un contexte où la confiance envers les institutions de santé est mise à rude épreuve. Ce dividende éco-santé matérialise une idée souvent abstraite : celle que la solidarité peut être à la fois responsable, incitative et économiquement viable.
Ce dispositif mérite d’être observé de près. S’il ne compense pas totalement la hausse des cotisations, il introduit une relation de réciprocité que peu d’organismes pratiquent aujourd’hui. En récompensant l’ancienneté, la prévention et la stabilité, la mutuelle rappelle à ses adhérents qu’ils ne sont pas de simples clients, mais des acteurs à part entière du système.
