Un coup dur pour les petits épargnants. C’est désormais confirmé : à compter du 1er août 2025, les principaux produits d’épargne réglementée verront leurs taux de rémunération reculer significativement. Cette décision, annoncée officiellement par Éric Lombard, ministre de l’Économie et des Finances, sonne comme une alerte pour les millions de Français qui misent sur le Livret A, le LDDS ou encore le LEP pour sécuriser leur argent tout en profitant d’un rendement net d’impôts. Si cette baisse peut paraître logique en raison du recul de l’inflation, elle soulève néanmoins des enjeux économiques majeurs pour les ménages, notamment les plus modestes. Décryptage.
💸 Des taux en chute libre, malgré une formule respectée
Depuis février dernier, le taux du Livret A avait déjà été ajusté à la baisse, passant de 3 % à 2,4 %. Cette fois, il descend encore d’un cran pour s’établir à 1,7 % à partir du 1er août. Une application stricte de la formule réglementaire, adossée aux moyennes semestrielles de l’inflation et des taux interbancaires. Même sort pour le LDDS (Livret de développement durable et solidaire), dont le taux reste mécaniquement aligné sur celui du Livret A.
En parallèle, le Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux contribuables modestes, subira lui aussi un ajustement. Il passe de 3,5 % à 2,7 %, soit une baisse de 0,8 point. Toutefois, François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, a suggéré un « coup de pouce » pour limiter la casse. Ce geste de Bercy permet de maintenir le LEP 0,5 point au-dessus du Livret A, conformément à l’arrêté du 27 janvier 2021.
Sans cette dérogation, le LEP aurait chuté à 2,2 %, un seuil particulièrement pénalisant pour les foyers les plus vulnérables
souligne le ministère de l’Économie.
📊 Inflation en recul, épargne sous pression
Le principal levier de cette révision à la baisse réside dans la décélération brutale de l’inflation. En moyenne, sur les six premiers mois de 2025, l’indice des prix à la consommation (hors tabac) s’élève à 0,9 %, contre 2,3 % en 2024, et surtout 5,6 % à la même période en 2023. Si cette modération profite indirectement au pouvoir d’achat, elle rogne mécaniquement la rémunération de l’épargne réglementée, qui en est largement dépendante.
📉 Résultat : les performances des produits phares de l’épargne des ménages fondent. Le Livret A, qui culminait à 3 % en 2023, voit sa rentabilité réelle se réduire drastiquement. Quant au LEP, il chute depuis son sommet historique de 6,1 % atteint en 2023, ce qui affaiblit sa vocation de bouclier contre l’inflation.
Malgré tout, le ministère insiste :
Les rendements des livrets restent au-dessus de l’inflation projetée, qui devrait rester sous la barre des 1 % en 2025
Un argument insuffisant pour convaincre les épargnants déjà confrontés à une stagnation de la rémunération du capital, dans un contexte économique encore fragile.
👁 L’œil de l’expert : arbitrer, mais sans précipitation
Ce nouveau cycle de déflation des taux d’épargne pose la question d’un rééquilibrage des stratégies patrimoniales. Faut-il se détourner des livrets réglementés ? Pas forcément. Leur sécurité, leur liquidité immédiate et leur absence de fiscalité en font toujours des outils intéressants pour une épargne de précaution.
Cependant, pour ceux qui disposent d’une capacité d’épargne plus importante, il devient pertinent d’explorer des alternatives mieux rémunérées, comme les fonds en euros (assurance vie), les SCPI, ou même certains comptes à terme. Le tout, bien sûr, à condition de tolérer un minimum de risque.
📌 Dans un contexte de taux en berne, l’arbitrage entre rentabilité et sécurité est plus que jamais d’actualité. La baisse du Livret A et du LEP n’est pas une fin en soi, mais un signal fort : celui d’un marché qui récompense de moins en moins la prudence.