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Droits de douane : L’UE prête à riposter contre la tech améri

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Face à la nouvelle offensive protectionniste de Washington, Bruxelles envisage un coup de force inédit : cibler directement les services américains, véritable colonne vertébrale économique des États-Unis. Dans ce bras de fer transatlantique, Paris pousse à une accélération stratégique. Décryptage économique et financier d’une crise diplomatique aux lourdes conséquences potentielles.

⚙️ L’ACI : l’arme économique de Bruxelles

Face aux taxes américaines de 30 % sur toutes les importations européennes annoncées par Donald Trump, l’Union européenne brandit un outil jusque-là théorique : l’« instrument anti-coercition » (ACI). Conçu en 2024 pour contrer les pressions économiques extérieures, cet arsenal réglementaire permet des mesures de rétorsion d’envergure : exclusion d’entreprises étrangères des marchés publics, suspension d’autorisations administratives ou encore blocage d’investissements jugés stratégiques.

Selon Benjamin Haddad, ministre français des Affaires européennes, l’Europe doit cesser de temporiser :

Dans cette négociation, vous devez faire preuve de force, de force, d’unité et de détermination

a-t-il martelé dans une déclaration relayée par Bloomberg. Paris plaide pour un passage à l’offensive au plus vite, estimant que la lenteur actuelle nuit à la crédibilité européenne. En jeu : près de 100 milliards d’euros d’échanges commerciaux avec les États-Unis.

Mais Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, temporise :

L’ACI a été créé pour les situations exceptionnelles

rappelant que son activation reste politiquement délicate. Derrière cette retenue se cache la peur d’enclencher une guerre économique totale avec Washington.

🛑 Services numériques : la riposte ciblée et risquée

Si les contre-mesures actuelles de l’UE visent principalement des biens physiques (automobile, aéronautique, agroalimentaire), Paris pousse pour un changement de paradigme : s’attaquer directement aux services, et notamment à la tech américaine. Une escalade sans précédent. Banques d’investissement, plateformes de cloud computing, réseaux sociaux et géants du e-commerce pourraient voir leur accès restreint au marché européen.

Selon Jean-Luc Demarty, ex-directeur du commerce à Bruxelles :

Ce que fait Trump est clairement de la coercition. Ce serait une façon de montrer que nous avons mis notre colt sur la table des négociations

analyse-t-il auprès d’Euronews. Pour Washington, cette offensive toucherait un nerf stratégique : les services représentent aujourd’hui plus de 70 % du PIB américain.

Une telle rétorsion, qui toucherait des leaders comme Amazon Web Services, Microsoft ou Meta, constituerait une rupture diplomatique majeure. Et pourrait entraîner une riposte immédiate de l’administration Trump, plus encline à durcir le ton qu’à rechercher un compromis.

⏳ Le compte à rebours commercial a commencé

L’enjeu est aussi temporel : les taxes américaines prendront effet dès le 1ᵉʳ août. Or, comme le souligne Paris, la mise en œuvre de l’ACI nécessite plusieurs mois. Attendre davantage, c’est courir le risque d’une réplique sans préparation. « Le délai d’activation rend indispensable une anticipation immédiate », affirme Benjamin Haddad.

Dans l’immédiat, les conséquences économiques sont tangibles : les industries européennes de l’aéronautique, de l’automobile et de l’agroalimentaire se préparent déjà à des pertes substantielles. De nombreuses capitales redoutent l’émergence d’un dangereux précédent, où l’Europe apparaîtrait incapable de défendre ses intérêts stratégiques.

👁 L’œil de l’expert : « sortir le colt »

L’Union européenne fait aujourd’hui face à un dilemme stratégique : préserver le dialogue transatlantique ou affirmer sa souveraineté économique face à une Amérique ultra-protectionniste. Le ciblage des services numériques représenterait une mutation profonde des relations commerciales entre Bruxelles et Washington, mais pourrait également renforcer l’autonomie stratégique européenne dans le secteur numérique.

Ce bras de fer marque, quoi qu’il arrive, la fin de l’ère du libre-échange transatlantique. Une nouvelle ère protectionniste semble s’ouvrir, avec des conséquences économiques mondiales encore difficiles à mesurer.

Written by
Fabien Monvoisin

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français

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