Face à un emballement des demandes et à une pression budgétaire inédite, le gouvernement français annonce une relance très encadrée du dispositif MaPrimeRénov’. Dès le 30 septembre 2025, les guichets rouvriront, mais dans un cadre plus restrictif, ciblant prioritairement les foyers les plus précaires et les logements énergivores. Retour sur une réforme qui bouleverse le financement des rénovations énergétiques en France.
📉 Budget sous tension et des quotas stricts
Après une suspension estivale destinée à freiner l’explosion des demandes, MaPrimeRénov’ s’apprête à redémarrer… sous conditions. Selon des informations relayées par l’AFP, seulement 13.000 nouveaux dossiers seront acceptés d’ici fin 2025. Le ministère de la Transition écologique précise que ce plafond strict pourra déclencher une nouvelle suspension anticipée du dispositif si le quota est atteint avant décembre.
Ce resserrement intervient dans un contexte budgétaire contraint : 3,6 milliards d’euros avaient été alloués au programme pour l’année 2025, un montant déjà jugé insuffisant face à l’afflux des demandes. En effet, 35.000 subventions ont été accordées depuis janvier et 61.000 dossiers supplémentaires sont en attente d’instruction. Selon le ministère, les demandes non traitées seront reportées sur le budget 2026, « sous réserve du vote de la prochaine loi de finances ».
En priorité, les ménages très modestes seront les premiers à bénéficier de cette réouverture, les foyers modestes restant en attente d’une hypothétique extension « en fonction de la dynamique des nouveaux dossiers déposés », indique le ministère.
📊 De nouvelles règles pour limiter les abus et maîtriser les coûts
Pour contenir l’enveloppe budgétaire et renforcer la transparence du dispositif, le gouvernement a annoncé une réforme des critères d’attribution, applicable dès septembre 2025 et reconduite en 2026.
🔍 Quatre changements majeurs :
Le plafond des travaux subventionnables est drastiquement abaissé : de 70.000 euros auparavant, il passe désormais à 30.000 euros pour les rénovations gagnant deux classes énergétiques, et à 40.000 euros pour un gain de trois classes au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE).
Les logements éligibles devront impérativement afficher une étiquette énergétique E, F ou G, excluant les biens déjà plus performants.
Le bonus de sortie de passoire thermique est purement supprimé.
Le guichet restera potentiellement fermé aux ménages aux revenus moyens et supérieurs jusqu’à la fin de l’année.
Cette refonte vise, selon le ministère, à « permettre le financement d’un plus grand nombre de projets en limitant la dépense publique par dossier ». Une stratégie de maîtrise des coûts assumée dans « un contexte de contrainte budgétaire accrue ».
Le volet fraude reste aussi au cœur des préoccupations. Le ministère a confirmé le rejet immédiat de 5.000 dossiers frauduleux avérés. En juin, 16.000 dossiers suspects avaient été identifiés, représentant un risque potentiel de 500 à 600 millions d’euros de pertes selon les estimations gouvernementales.
👁 L’œil de l’expert : rationalisation budgétaire
Avec cette réforme, MaPrimeRénov’ entre dans une nouvelle phase : celle du rationnement financier. Si le ciblage vers les ménages les plus précaires semble socialement justifié, les professionnels du bâtiment redoutent un ralentissement général de la dynamique de rénovation énergétique.
Cette priorisation des passoires thermiques, combinée à la réduction des subventions, risque de freiner l’ensemble de la filière
analyse un consultant du secteur. À terme, ce resserrement pourrait contrarier les objectifs climatiques nationaux, notamment l’éradication des logements classés F et G d’ici 2030.
Pour les acteurs économiques, le défi reste entier : accélérer la massification des rénovations, tout en contenuissant les coûts pour les finances publiques. Une équation complexe que la relance partielle de MaPrimeRénov’ illustre à grande échelle.