Dans une France où l’inflation grignote les pensions et où l’instabilité économique perdure, les retraités continuent de jouer un rôle crucial dans l’équilibre financier de leurs familles. Loin d’être de simples bénéficiaires du système, ils s’imposent comme les garants silencieux de la solidarité intergénérationnelle. Une étude OpinionWay pour la Carac dévoile que 66 % des retraités aident régulièrement leurs enfants adultes, avec un soutien qui, s’il reste massif, montre des signes d’essoufflement.
🫶 Une aide généreuse mais en recul
Selon l’étude relayée par Notre Temps, près de 7 retraités sur 10 ont contribué financièrement à leurs enfants en 2023, et 4 sur 10 ont soutenu leurs petits-enfants. Cette implication reste forte, malgré un recul notable depuis la crise du Covid. En effet, 22 % des retraités interrogés reconnaissent avoir réduit leur aide depuis 2020, conséquence directe de la pression croissante sur leur pouvoir d’achat, combinée à une gestion plus prudente de leur patrimoine.
On observe une vigilance accrue de la part des retraités, qui cherchent à concilier solidarité familiale et préservation de leur propre sécurité financière
analyse OpinionWay.
Concrètement, l’aide mensuelle moyenne s’élève à 158 € – en baisse par rapport aux 182 € enregistrés en 2022. Le soutien varie selon le lien : 185 € en moyenne pour les enfants, contre 74 € pour les petits-enfants. Une tendance à la baisse que confirme également Boursorama, précisant que les coups de pouce exceptionnels (frais imprévus, événements familiaux, etc.) ont chuté à 1 307 € en moyenne (contre 1 718 € en 2022).
🎁 Une générosité multiforme et structurante
La solidarité des retraités ne se mesure pas uniquement en euros transférés. Les formes d’aide sont multiples et souvent invisibles dans les comptes officiels. L’étude montre que 54 % des retraités privilégient les cadeaux matériels, tandis que 23 % optent pour des espèces. Par ailleurs, 21 % ont déjà effectué une donation, 14 % financent des loisirs, et 8 % versent sur un compte épargne dédié à leurs descendants.
Ces gestes, bien que ponctuels, traduisent un engagement affectif fort, mais aussi une volonté de transmettre un patrimoine dans un cadre fiscalement avantageux. Ils illustrent aussi le rôle stabilisateur que les retraités continuent à jouer dans une société où la jeunesse est confrontée à la précarité, au logement difficile, ou à la stagnation des salaires.
Ce soutien structurel devient presque un filet de sécurité complémentaire aux dispositifs publics défaillants : aides au logement, soutien aux jeunes actifs ou étudiants, ou encore prise en charge des frais de garde.
👁️ L’œil de l’expert : la fin d’un modèle ?
Ce phénomène révèle une tension croissante entre générosité familiale et soutenabilité économique. Si les retraités représentent aujourd’hui un amortisseur de crise pour leurs proches, ce rôle devient de plus en plus difficile à assumer à mesure que leur pouvoir d’achat s’érode.
Il existe un véritable paradoxe : on demande aux retraités d’aider financièrement, alors même que leurs ressources stagnent, voire diminuent en valeur réelle
souligne un expert en économie familiale. À terme, cette logique pourrait atteindre ses limites. Si l’inflation se maintient, que les pensions ne suivent pas, et que les héritages sont davantage fiscalisés, les transferts familiaux risquent de diminuer drastiquement, avec un impact direct sur l’équilibre budgétaire de nombreuses familles françaises.