L’entrée en vigueur ce 7 août 2025 de nouvelles taxes douanières américaines sur les produits européens, dont les vins et spiritueux, déclenche une onde de choc dans la filière française. Alors que les États-Unis représentent un marché majeur pour ces produits, l’annonce par Donald Trump d’un tarif douanier de 15 % sur une large gamme d’alcools européens plonge le secteur dans l’incertitude. La France, leader européen des exportations de spiritueux et de vins haut de gamme, se retrouve en première ligne de cette offensive économique, avec des pertes estimées à un milliard d’euros, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).
🍷 Taxes explosives sur un marché stratégique
Alors que les négociations entre l’Union européenne et Washington n’ont pas permis d’obtenir de dérogation, les exportateurs français doivent dès à présent intégrer cette surcharge douanière dans leurs coûts. L’enjeu est considérable : les États-Unis représentent le deuxième débouché mondial pour les vins français et le troisième pour les spiritueux.
Selon les données de NielsenIQ, le cognac concentre à lui seul 67 % du chiffre d’affaires des spiritueux tricolores aux États-Unis, tandis que le champagne pèse 43 % des ventes de vins français sur le marché américain. Ces deux piliers du rayonnement français à l’international seront directement impactés par la hausse tarifaire.
Comme l’explique la FEVS dans un communiqué relayé par BFM TV :
une réduction d’un quart des ventes françaises aux États-Unis pourrait entraîner une perte sèche de 1 milliard d’euros.
Ce scénario noir se double d’un autre facteur aggravant : la dépréciation du dollar, qui accentue la perte de compétitivité des produits français déjà plus coûteux pour les importateurs américains.
🌍 Diversification forcée et espoirs
Face à cette secousse douanière, les professionnels français doivent impérativement réorienter leurs exportations. Deux marchés clés se dessinent pour amortir le choc :
Le Royaume-Uni, premier acheteur européen de vins et spiritueux français, apparaît comme une alternative immédiate.
La Chine, où les tensions commerciales se sont récemment apaisées, pourrait relancer la demande, notamment pour le cognac, dont elle est l’un des plus gros consommateurs hors Europe.
À plus long terme, les regards se tournent vers l’Amérique du Sud, via le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). En 2024, les exportations françaises vers cette région ont atteint 1,1 milliard d’euros, dont 820 millions pour le seul Brésil. Si les négociations aboutissent, ce partenariat pourrait ouvrir un nouveau front commercial vital pour compenser les pertes sur le marché américain.
👁 L’œil de l’expert : made in France
La politique commerciale offensive de Donald Trump ne vise pas seulement la compétitivité européenne, elle cible aussi des symboles culturels et économiques majeurs comme le vin et le cognac français. Ces droits de douane s’apparentent à une arme géopolitique, utilisée pour influencer les rapports de force au sein de l’OMC et les négociations transatlantiques.
Mais la France a des cartes à jouer, en s’appuyant sur la valeur perçue de ses produits, la qualité de sa filière et l’attractivité de sa marque nationale. La diversification des débouchés n’est plus une option, mais une stratégie de résilience économique.