Le déficit du budget de l’État français a dépassé les 100 milliards d’euros fin juin 2025. Ce chiffre impressionne par son ampleur mais cache une légère amélioration par rapport à l’année précédente : 3 milliards d’euros de mieux. Dans un contexte où le gouvernement cherche frénétiquement plus de 40 milliards d’euros d’économies pour redresser les comptes publics, cette respiration budgétaire a valeur de signal. Pourtant, derrière ces données se dessinent des déséquilibres persistants, notamment dans la structure des dépenses et des recettes.
🇫🇷 Recettes dynamiques mais conjoncturelles
Le redressement partiel du déficit repose avant tout sur une nette progression des recettes publiques. À mi-2025, les recettes totales de l’État se sont élevées à 182,5 milliards d’euros, en progression de 4,2 % par rapport aux 175,1 milliards collectés fin juin 2024. Cette dynamique est principalement tirée par les recettes fiscales nettes, qui culminent à 163,3 milliards d’euros, en hausse de 7 milliards.
Selon les précisions du ministère de l’Économie, cette progression s’explique par la hausse des taxes intérieures (+3,7 Md€) consécutive à la fin du bouclier tarifaire, mais aussi par l’augmentation de l’impôt sur les sociétés (+2,2 Md€) et de l’impôt sur le revenu (+0,9 Md€).
Ce surplus est le reflet d’une conjoncture fiscalement favorable, mais sans garantie de pérennité
analyse un économiste de Bercy. Autrement dit, l’embellie pourrait s’estomper dès que les soutiens temporaires à la consommation et à l’activité se normaliseront.
🚨 Le sujet des comptes spéciaux
Côté dépenses, une légère contraction de 0,6 % a été enregistrée, avec 262,1 milliards d’euros de dépenses nettes (hors remboursements et dégrèvements), contre 263,6 milliards un an plus tôt. Cette baisse reste toutefois insuffisante face à l’ampleur du déséquilibre structurel.
Un signal plus préoccupant vient du solde des comptes spéciaux, qui affichent une dégradation significative. Ces comptes, qui couvrent notamment les pensions des fonctionnaires, les avances aux collectivités locales et les participations de l’État, ont plongé à -20,8 milliards d’euros, soit une détérioration de 5,9 milliards sur un an.
Bercy relativise : « Ce résultat est toutefois temporaire », précisant que l’absence d’encaissements sur le compte d’affectation spéciale « Participations financières de l’État« serait compensée en juillet par une réduction mécanique des dépenses, notamment via la Caisse de la dette publique.
Le budget 2025 table sur un déficit ramené à 139 milliards d’euros sur l’année, soit 17,3 milliards de moins qu’en 2024, mais l’objectif reste ambitieux, dans un contexte politique et économique tendu.
👁️ L’œil de l’expert : une trajectoire non crédible
Au-delà de la baisse apparente du déficit, les fondamentaux budgétaires restent fragiles. L’amélioration de mi-année est davantage le fruit de circonstances favorables que d’une réforme de fond. Le redressement durable des comptes publics exigera des choix clairs : réduction des dépenses, réforme des niches fiscales, et arbitrages politiques impopulaires mais nécessaires.
La question-clé reste celle de la trajectoire à long terme : sans croissance robuste et sans maîtrise réelle de la dépense, la France risque de se heurter à la défiance des marchés, voire à une pression accrue de Bruxelles sur ses engagements européens.