Entre fréquentation record et budgets contraints, le secteur de l’hôtellerie de plein air illustre les paradoxes de l’été 2025. L’été 2025 confirme l’attrait des Français – et des touristes étrangers – pour le camping, mais révèle également un consommateur en quête d’économies. Derrière des chiffres de fréquentation en hausse, les arbitrages financiers des vacanciers fragilisent la rentabilité des campings, notamment dans le haut de gamme. Comme le résume Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA), interrogé sur RMC : « On est à +2 % et on s’approche des +2,5 % de fréquentation ». Mais cette embellie masque des choix budgétaires très restrictifs.
⛺ Afflux record mais consommation frugale
Les campings français affichent un taux de remplissage satisfaisant, porté par une clientèle étrangère représentant près de 30 % des réservations. Mais ces visiteurs, à l’instar des Français, privilégient cette année les formules les moins coûteuses.
Ils ont loué surtout des emplacements – tente, caravane ou camping-car – bien moins chers que les mobil-homes et chalets
détaille Nicolas Dayot. Même constat pour les vacanciers hexagonaux : traditionnellement portés sur des hébergements sur place, ils se sont tournés en 2025 vers les emplacements nus pour limiter leurs dépenses. Un signal révélateur de la pression inflationniste et du recul du pouvoir d’achat.
Cette tendance affecte directement la rentabilité du secteur. Les campings premium (3 à 5 étoiles), qui génèrent pourtant 86 % de la fréquentation totale, peinent à remplir leurs hébergements les plus luxueux.
Les beaux hébergements, plus grands, avec trois chambres et parfois un jacuzzi, ont eu du mal à trouver preneur
confirme le président de la FNHPA. Autrement dit, la locomotive économique du camping – le segment haut de gamme – cale cette année.
🏖 Des séjours sobres et plus courts
Le panier moyen par vacancier recule nettement. Les familles coupent dans toutes les dépenses additionnelles : restauration sur place, activités de loisirs, services annexes. Les séjours eux-mêmes sont plus courts, une évolution qui pèse sur la trésorerie des exploitants.
Thierry Marx, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), résume le dilemme des vacanciers sur France Inter :
Les touristes sont là, il y a une forte demande, mais malheureusement le pouvoir d’achat n’est pas là
Selon lui, la clientèle opère des arbitrages stricts : « entre aller au restaurant, avoir des loisirs, prendre un billet de train ou d’avion dont le prix a largement augmenté ».
Ce phénomène s’inscrit dans un contexte inflationniste durable, où les ménages priorisent le logement de base plutôt que le confort ou les extras. Résultat : le secteur affiche une fréquentation en hausse, mais un chiffre d’affaires par client en berne. Les campings se retrouvent dans une situation paradoxale : pleins à craquer, mais moins rentables.
👁️ L’œil de l’expert : complet mais …
Le camping reste un baromètre du pouvoir d’achat des ménages en vacances. Si le taux d’occupation reste solide, la baisse du panier moyen fragilise un modèle économique qui, ces dernières années, misait sur la montée en gamme et les hébergements premium pour soutenir sa croissance. Les exploitants doivent désormais repenser leur stratégie : miser davantage sur la fidélisation, diversifier les sources de revenus annexes, et adapter leur offre à une clientèle qui place la sobriété financière au cœur de ses choix.
En clair, l’été 2025 consacre un camping à deux vitesses : plein mais sous tension économique.