Le deuxième trimestre 2025 confirme la fragilité persistante du tissu entrepreneurial français. D’après l’étude d’Altares, 16 586 entreprises ont été placées en procédure collective entre avril et juin, un chiffre historiquement élevé, mais qui semble amorcer une stabilisation. Malgré la tension encore palpable, certains signaux laissent espérer un reflux au second semestre, ouvrant la voie à un possible tournant après deux années particulièrement éprouvantes pour les sociétés françaises.
🚨 PME fragilisées et signaux contrastés
La dynamique reste préoccupante pour les structures les plus importantes. Les PME de plus de 100 salariés ont enregistré une hausse de près de 30 % de leurs défaillances par rapport à 2024. Cela représente 58 entreprises, soit 18 000 emplois menacés, parmi lesquelles figurent des noms emblématiques comme France Solar (panneaux photovoltaïques), McPhy (hydrogène) ou encore le Groupe Gaillard (matériel médical).
Les TPE de 6 à 19 salariés sont également exposées, avec une progression de 10 % des défauts. En revanche, les très petites structures de moins de 6 salariés et les PME de moins de 100 salariés semblent parvenir à stabiliser leurs activités, démontrant une certaine résilience.
Sur le plan sectoriel, les tendances se révèlent contrastées. La construction (-5 %) et le commerce (-2 %) amorcent un redressement, tandis que l’industrie, soutenue par l’agroalimentaire, affiche une légère baisse (-1 %). Mais à l’opposé, certains pans de l’économie se trouvent dans la tourmente : santé et social (+31 %), loisirs et activités récréatives (+28 %) ou encore services financiers et assurances (+15 %).
Cette polarisation sectorielle traduit une recomposition des fragilités, dans un environnement encore marqué par le coût du crédit, la consommation hésitante et l’adaptation aux nouvelles normes de transition énergétique.
🌍 Régions sous tension et perspectives de repli
Le panorama géographique illustre également des disparités marquées. La région Pays de la Loire connaît la progression la plus nette (+11,5 %), suivie du Centre-Val de Loire (+6,8 %) et de la Nouvelle-Aquitaine (+6,6 %). À l’inverse, certaines zones enregistrent un net reflux, comme la Corse (-8,3 %), la Bourgogne (-5,5 %) ou le Grand Est (-3,4 %).
Si l’année 2024 avait atteint un record avec 68 000 défaillances, les prévisions d’Altares se veulent légèrement plus optimistes.
À la faveur d’un été traditionnellement moins lourd du fait des vacances judiciaires d’août, le second semestre nous projetterait sur un atterrissage annuel voisin de 67 000 défauts
estime Thierry Millon, directeur des études. Ce chiffre traduirait un léger recul par rapport à 2024, signe d’un pic franchi. Néanmoins, l’expert appelle à la vigilance et à la « prudence », car une reprise durable reste conditionnée à une amélioration de l’accès au financement et à une stabilisation macroéconomique.
👁️ L’œil de l’expert
La photographie du deuxième trimestre 2025 confirme que la crise des défaillances n’est pas encore derrière nous, même si le ralentissement observé en juin pourrait marquer un tournant. Les grandes PME demeurent en première ligne, fragilisées par l’effet ciseaux entre hausse des coûts et demande atone, tandis que certains secteurs traditionnels comme la construction et le commerce reprennent des couleurs.
À court terme, la baisse attendue au second semestre serait un signal psychologique important pour les investisseurs et le crédit interentreprises. Mais le véritable enjeu réside dans la capacité des entreprises à absorber durablement les chocs — énergétiques, financiers et réglementaires. L’économie française, encore sur un plateau de vulnérabilité, doit transformer cette accalmie attendue en tendance pérenne, faute de quoi les défauts pourraient repartir à la hausse dès 2026.