En 2024, la fraude sur les paiements en ligne en France a reculé, selon l’Observatoire de sécurité des moyens de paiement (OSMP) de la Banque de France. Derrière cette bonne nouvelle se cache toutefois une réalité plus nuancée : si les attaques purement techniques diminuent, les escroqueries par manipulation humaine, comme celles des faux conseillers bancaires, continuent de peser lourdement sur les finances des particuliers et sur la confiance dans le système bancaire.
📲 Une fraude en repli, mais aux montants colossaux
D’après les chiffres relayés par l’AFP, seulement 0,155 % des paiements en ligne réalisés avec une carte bancaire française ont été frauduleux en 2024, contre 0,160 % en 2023. Une amélioration marginale mais significative, compte tenu de la hausse des transactions numériques.
Le montant global des fraudes a atteint 1,19 milliard d’euros, en baisse de 0,6 % sur un an. Cette tendance reflète l’impact positif de nouvelles mesures techniques, notamment le mécanisme déployé en octobre 2024 par les opérateurs téléphoniques pour bloquer les appels frauduleux imitant un numéro officiel.
Pour Denis Beau, sous-gouverneur de la Banque de France et président de l’OSMP, cette baisse est « le fruit des actions de l’ensemble des acteurs de l’écosystème des paiements, qui met constamment à jour ses recommandations, ses coopérations et ses modes d’action ».
📞 Le poids persistant des fraudes par manipulation
Si les fraudes techniques reculent, les arnaques par manipulation restent redoutables. L’OSMP souligne qu’elles représentent près d’un tiers du montant total des fraudes, preuve de leur efficacité économique pour les escrocs.
Le scénario le plus courant reste celui du faux conseiller bancaire : un fraudeur, parfois très convaincant, contacte sa victime en se faisant passer pour un employé de banque et obtient la validation d’opérations frauduleuses. Malgré l’authentification forte imposée sur les paiements, ces attaques continuent de contourner les dispositifs de sécurité.
L’Observatoire appelle les particuliers à « apprendre à déjouer les tentatives de fraude », en raccrochant systématiquement face à une demande suspecte, en ne partageant jamais de données personnelles et en vérifiant directement auprès de leur banque toute sollicitation inhabituelle.
🔒 Un enjeu pour l’économie numérique
Au-delà des pertes financières, ces fraudes fragilisent la confiance dans les paiements dématérialisés, alors que le commerce en ligne pèse plus de 170 milliards d’euros en France. Pour les banques, chaque remboursement lié à une fraude constitue un coût direct, tandis que les commerçants subissent indirectement les conséquences d’une défiance croissante vis-à-vis des achats en ligne.
L’État a mis en place des plateformes comme Perceval (signalement des fraudes à la carte bancaire) ou Thésée (dépôt de plainte en ligne), mais la clé reste la prévention et la vigilance individuelle. La sécurité des paiements devient un véritable enjeu de compétitivité : les établissements capables de rassurer leurs clients sur ce terrain auront un avantage concurrentiel décisif.
👁️ L’œil de l’expert : la culture du « safe »
La baisse de la fraude en ligne est un signal encourageant, mais il ne faut pas s’y tromper : les cybercriminels réallouent leurs stratégies vers les failles humaines, bien plus difficiles à combler par la technologie seule. Le défi pour les banques et pour l’État n’est pas seulement de bloquer la fraude, mais de renforcer la culture de sécurité numérique des usagers. Dans un contexte où l’e-commerce et les transactions digitales explosent, maintenir la confiance sera aussi crucial que la lutte technique elle-même.