L’épargne réglementée pourrait de nouveau voir sa rémunération diminuer dès février 2026. Alors que l’inflation poursuit son ralentissement et que les taux interbancaires refluent dans le sillage de la Banque centrale européenne (BCE), le Livret A, le LDDS et même le LEP sont menacés d’une nouvelle réduction de rendement. Une perspective qui questionne la capacité de ces placements, pourtant plébiscités par les ménages, à protéger le pouvoir d’achat et à soutenir l’épargne nationale.
📉 Cette mécanique qui pèse sur les livrets
Le calcul de la rémunération des livrets d’épargne réglementés repose sur une formule mêlant inflation hors tabac et taux interbancaires. Selon l’Insee, la hausse des prix devrait se limiter à 1,2 % en septembre, puis 1,1 % d’ici la fin de l’année, tandis que les taux interbancaires sont repassés sous la barre des 2 %. Résultat : la formule ramène mécaniquement le taux du Livret A autour de 1,5 %, contre 1,7 % actuellement.
Pour François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France :
Une nouvelle baisse reste possible dans les prochains mois
Mais la décision finale incombera au gouvernement, qui a déjà montré par le passé sa volonté de déroger aux règles pour préserver le rendement des ménages modestes. Ainsi, en 2025, le LEP avait été maintenu à 2,7 %, au lieu de tomber à 2,2 %, ce qui a contribué à un record de près de 12 millions de détenteurs, contre 8,3 millions fin 2022.
La question centrale reste donc politique : arbitrer entre rigueur budgétaire, respect de la formule et soutien au pouvoir d’achat.
💼 Conséquences pour les ménages ?
Les retraits dépassent désormais les dépôts : en juillet 2025, les épargnants ont retiré 70 millions d’euros de plus qu’ils n’ont versé sur leurs Livrets A. Pourtant, l’encours total demeure colossal : 609,4 milliards d’euros sur Livret A et LDDS cumulés, selon la Caisse des dépôts.
Mais derrière cette apparente solidité, les experts alertent sur l’érosion réelle du rendement. Comme le souligne Valentine Demaison, directrice générale de Mon Petit Placement :
Le Livret A reste indispensable pour garder de l’argent disponible, mais il ne fait plus grossir l’épargne : au contraire, elle s’use avec l’inflation. Pour protéger son avenir, il faut apprendre à diversifier.
Face à ce constat, les alternatives attirent de plus en plus. Les fonds euros de l’assurance vie affichent un rendement moyen de 2,6 % en 2025, selon l’ACPR, tandis que les placements de long terme comme le PER séduisent pour leur potentiel fiscal et financier. Pour Maud Caillaux, co-fondatrice de Green-Got, « la baisse annoncée du taux du Livret A confirme une tendance de fond : l’épargne réglementée ne suffit plus à préserver le pouvoir d’achat ».
👁️ L’œil de l’expert : diversifier ses placements
Le Livret A, placement refuge par excellence, traverse une phase délicate. Si sa liquidité immédiate et sa sécurité restent des atouts indiscutables, sa rémunération structurellement inférieure à l’inflation fragilise sa pertinence comme outil de valorisation de l’épargne. Pour les ménages, la clé sera désormais la diversification : combiner placements sécurisés et produits plus dynamiques afin d’éviter l’érosion progressive de leur patrimoine.
En 2026, la question ne sera pas seulement celle du taux du Livret A, mais celle du rééquilibrage de l’épargne française entre court terme, long terme et investissement productif.