La montée des droits de douane américains sur les exportations européennes, attendue comme un choc majeur pour l’économie de la zone euro, n’a pas eu l’effet catastrophique anticipé. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), souligne la résilience des économies européennes tout en alertant sur les risques futurs. Cette situation met en lumière les interactions complexes entre commerce international, taux de change et politiques monétaires.
✊ Une résilience européenne inattendue
Il y a un an, les experts prévoyaient qu’une hausse des droits de douane américains, initialement estimée entre 1,5 % et 13 %, provoquerait un ralentissement sévère de la croissance européenne et un regain d’inflation. Or, Christine Lagarde a déclaré à Helsinki :
Ces hypothèses ne se sont pas confirmées
Plusieurs facteurs expliquent cette résistance :
Surtaxe américaine modérée : Après des négociations prolongées, Washington a fixé une surtaxe de 15 % sur la majorité des produits européens, moins sévère que les menaces initiales.
Appréciation de l’euro : La monnaie unique a gagné 13 % face au dollar, réduisant mécaniquement l’inflation importée et limitant la pression sur les prix des biens européens.
Investissements publics stratégiques : L’augmentation des dépenses de défense et la signature de nouveaux accords commerciaux ont soutenu l’activité économique, apportant selon la BCE 0,25 point de croissance additionnelle entre 2025 et 2027.
Ces éléments montrent que la zone euro dispose d’un tampon économique face aux tensions commerciales, permettant de protéger les marges des entreprises exportatrices et de limiter les pertes budgétaires.
⚠️ Des risques restent présents
Malgré cette résilience, la présidente de la BCE a insisté sur la prudence.
Toutes les conséquences ne sont peut-être pas encore perceptibles aujourd’hui
a-t-elle averti, soulignant que les entreprises doivent encore s’adapter aux tensions commerciales et géopolitiques. De nouveaux chocs, non anticipés, pourraient :
Freiner la croissance potentielle : une perturbation supplémentaire dans les chaînes d’approvisionnement ou une escalade tarifaire pourrait réduire la production et les revenus des entreprises exportatrices.
Limiter la marge de manœuvre monétaire : avec un taux directeur déjà abaissé à 2 % depuis décembre 2024, la BCE dispose de moins de flexibilité pour stimuler l’économie en cas de choc futur.
Christine Lagarde note également que les effets indirects, notamment sur les PME européennes et les chaînes d’approvisionnement complexes, restent difficiles à mesurer, rendant la politique économique et budgétaire plus délicate.
👁️ L’œil de l’expert : rester agile
Sur le plan économique et financier, l’Europe a montré une capacité de résilience structurelle face aux tensions commerciales, grâce à l’euro fort, aux mesures de soutien national et aux accords internationaux. Cependant, la vigilance reste de mise : les investisseurs et décideurs doivent anticiper les effets à moyen terme et se préparer à d’éventuelles turbulences.
Pour les marchés, cette situation souligne l’importance de diversifier les chaînes d’approvisionnement et de maintenir une politique monétaire flexible, afin de protéger la croissance et les marges bénéficiaires dans un contexte international incertain.