Alors que la croissance française continue de résister mieux qu’attendu, un autre signal économique vire à l’orange : le taux de chômage. Selon les dernières données publiées par l’Insee ce jeudi 13 novembre, il atteint désormais 7,7 % de la population active, soit une hausse de 0,1 point sur le trimestre. Ce niveau, le plus élevé depuis quatre ans, confirme un essoufflement du marché de l’emploi après plusieurs mois de relative stabilité.
📉 Un indicateur qui clignote dans une économie encore solide
En parallèle, l’institut de statistiques a révisé à la hausse ses chiffres du deuxième trimestre, de 7,5 % à 7,6 %, accentuant la tendance. Résultat : la France compte désormais 2,4 millions de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT), c’est-à-dire des personnes sans emploi, disponibles et à la recherche active d’un poste.
Malgré tout, la situation n’est pas homogène : les jeunes de 15 à 24 ans enregistrent une amélioration, avec un taux de chômage en recul de 0,2 point, à 18,8 %. Une performance qui témoigne d’une meilleure intégration sur le marché du travail des entrants, notamment dans les secteurs porteurs comme le commerce, la restauration et le numérique. Cette hausse était pourtant anticipée, malgré qu’elle arrive plus vite qu’initialement attendue. En juin dernier, l’Insee tablait déjà sur un taux de 7,7 % fin 2025 — une projection désormais atteinte avec plus d’un an d’avance.
💶 La mécanique de croissance à bout de souffle
Si la France échappe pour l’instant à la récession, la mécanique qui soutenait l’emploi montre des signes d’usure. Les créations de postes ralentissent, notamment dans l’industrie et la construction, tandis que le secteur public a atteint un plafond de recrutement. La croissance, elle, reste légèrement positive, mais son caractère moins inclusif fragilise les catégories les plus précaires.
Une croissance “sans emploi” ?
Le paradoxe s’installe : les indicateurs macroéconomiques affichent encore une résilience, mais le lien entre croissance et emploi s’affaiblit. La productivité progresse, les entreprises investissent, mais elles embauchent moins. Pour illustrer la situation, certains analystes parlent d’une phase de consolidation avant la probable phase de contraction.
Un contexte budgétaire contraint
Avec la fin progressive des aides post-Covid et la volonté du gouvernement de réduire le déficit public sous 5 % du PIB, la dynamique de soutien à l’emploi s’amenuise. Les allègements de charges et les dispositifs d’insertion (type “emplois jeunes” ou formations subventionnées) voient leurs enveloppes réduites, limitant leur effet amortisseur sur le chômage.
Une fracture générationnelle persistante
Si les jeunes voient leur situation légèrement s’améliorer, ce sont les seniors et les actifs en reconversion qui paient le plus lourd tribut. Leur taux de chômage grimpe plus vite, conséquence directe du ralentissement des recrutements dans les services publics et de la transition écologique, qui bouleverse certains métiers traditionnels.
Les économistes évoquent ainsi une “bifurcation structurelle” du marché du travail, où les emplois à forte qualification se maintiennent, mais où les postes intermédiaires se raréfient.
👁 L’œil de l’expert : un signal d’alerte
Cette remontée du chômage, bien que légère, pourrait marquer un tournant conjoncturel. Si la croissance tient encore, c’est au prix d’un endettement élevé, d’un pouvoir d’achat fragilisé et d’un investissement public contraint. Le risque : une stagnation durable du marché du travail, accentuée par un ralentissement européen et une inflation encore supérieure à 2 %.
En clair : la France reste sur ses jambes, mais la marche devient plus raide — et sans nouvel élan de compétitivité, le chômage pourrait s’installer durablement au-dessus des 7,5 %.





