C’est un tournant que les marchés n’avaient plus observé depuis plus de deux décennies : l’Italie vient de regagner un peu de terrain sur l’échiquier financier international. L’agence Moody’s a relevé d’un cran la note souveraine du pays, la faisant passer de Baa3 à Baa2, selon une dépêche de l’AFP.
Un signal rare, porteur d’un message clair : les réformes économiques engagées par le gouvernement de Giorgia Meloni inspirent à nouveau confiance aux investisseurs et aux institutions internationales. Cette décision, assortie d’une perspective stable, intervient alors que Rome tente de consolider ses finances publiques, de contenir son déficit et de relancer une croissance encore poussive.
🔍 Rebond de la note italienne
Un relèvement inédit en 23 ans – Moody’s n’avait plus amélioré la note de l’Italie depuis 2002. L’événement est donc majeur. L’agence justifie ce relèvement par un ensemble d’indicateurs positifs par mi lesquels une stabilité politique jugée renforcée, ou encore des réformes budgétaires appliquées de manière efficace, et enfin la perspective de nouvelles mesures pro-croissance au-delà de 2026.
Moody’s estime ainsi « possible que la dette publique entame un mouvement de recul à partir de 2027 », une affirmation soulignée par l’agence et rapportée par l’AFP.
Un soutien massif de l’Union européenne – L’analyse de Moody’s valorise également l’impact du plan NextGenerationEU, mécanisme d’investissement massif lancé pendant la pandémie. Ce programme a permis à l’Italie de ramener son déficit à 3,4 % en 2024, de le rapprocher encore des 3 % visés cette année, tout en divisant ce déficit par deux en seulement douze mois. Autrement dit : sans l’afflux des fonds européens, la trajectoire budgétaire italienne serait restée bien plus fragile.
Croissance faible, dette colossale : les défis persistent – L’économie italienne continue pourtant d’évoluer au ralenti. Eurostat ne prévoit que 0,4 % de croissance pour 2025, un rythme nettement inférieur à la moyenne européenne.
Et si Rome parvient à contenir son déficit, sa dette publique reste parmi les plus lourdes du continent (135 % du PIB, contre 114 % en France, déjà considérée comme l’un des États les plus endettés de la zone euro).
Cette masse d’endettement continue de peser lourd dans l’appréciation des marchés et limite les marges de manœuvre budgétaires.
Une victoire politique pour le gouvernement Meloni – Pour le ministre italien de l’Économie, Giancarlo Giorgetti, cette décision est un signal politique fort.
« Une nouvelle confirmation de la confiance retrouvée dans ce gouvernement », a-t-il déclaré dans un communiqué cité par l’AFP. Il s’est également félicité d’être parvenu à obtenir la première hausse de note depuis 23 ans, un argument que l’exécutif italien ne manquera pas de valoriser sur la scène intérieure.
👁️ L’œil de l’expert : un répit, pas un blanc-seing
Le relèvement de Moody’s constitue indéniablement une respiration financière pour l’Italie. Il ouvre la porte à des conditions d’emprunt potentiellement plus favorables, et également une attractivité renforcée vis-à-vis des investisseurs institutionnels, ainsi qu’une amélioration de la perception globale du risque souverain italien.
Mais l’enthousiasme doit rester mesuré. Les défis structurels demeurent considérables : croissance molle, dette publique massive, dépendance aux fonds européens, ou encore réformes dont le succès doit se confirmer sur le long terme.
En clair : Moody’s envoie un signal positif, mais le pays reste examiné à la loupe. La véritable question sera de savoir si l’Italie pourra stabiliser durablement ses finances après la fin des soutiens exceptionnels européens. Si tel est le cas, elle pourrait redevenir l’un des moteurs de la zone euro. Sinon, la confiance retrouvée pourrait s’évaporer aussi vite qu’elle est revenue.





