Une manœuvre stratégique au cœur du financement automobile. Reuters nous apprend que BNP Paribas accélère nettement son offensive dans la location longue durée automobile, un segment devenu central dans la transformation des mobilités et des modèles économiques des constructeurs. La première banque de la zone euro est entrée en négociations exclusives avec Mercedes-Benz pour reprendre Athlon, sa filiale spécialisée dans le leasing, dans le cadre d’une transaction estimée à environ 1 milliard d’euros.
Derrière cette opération se joue bien plus qu’une simple acquisition : il s’agit d’un repositionnement stratégique majeur sur le marché européen du leasing, à fort potentiel de rentabilité récurrente.
📈 Un rachat structurant pour bâtir un champion européen du leasing
L’intégration d’Athlon permettrait à BNP Paribas de franchir un cap décisif. Sa filiale Arval, déjà solidement installée, gère près de 2 millions de véhicules. L’ajout des environ 400 000 véhicules d’Athlon porterait la flotte globale à près de 2,4 millions, rapprochant fortement le groupe du leader européen Ayvens, filiale cotée de Société Générale.
Interrogé par Reuters, Thierry Laborde, directeur général délégué de BNP Paribas, ne cache pas l’ambition du groupe :
C’est une opération très importante puisqu’elle va permettre au groupe de créer le co-leader européen de la location longue durée automobile.
Sur le plan financier, les indicateurs communiqués sont particulièrement parlants puisque le retour sur capital investi attendu s’élève à 18 %, un niveau élevé pour une activité de services financiers. Mais encore la contribution au résultat net part du groupe est estimée à 200 millions d’euros à l’horizon de la troisième année. Et enfin notons l’impact maîtrisé sur le ratio CET1, évalué à –13 points de base, déjà intégré dans la trajectoire de capital visant 13 % de CET1 en 2027.
Pour BNP Paribas, cette acquisition s’inscrit dans une logique claire de croissance rentable, prévisible et faiblement consommatrice de capital, dans un contexte où les activités de leasing offrent une visibilité supérieure aux métiers bancaires plus cycliques. Du côté de Mercedes-Benz, la logique est tout aussi rationnelle. Le constructeur allemand poursuit une stratégie de recentrage sur son cœur industriel et technologique, utilisant le produit de cessions ciblées pour financer l’électrification, le logiciel embarqué et la montée en gamme de ses véhicules. Sur le calendrier, BNP Paribas anticipe une signature du contrat de cession entre février et mars prochain, et la finalisation de la transaction au troisième trimestre 2026, sous réserve des autorisations réglementaires.
👁️ L’œil de l’expert : un pari gagnant
Cette opération illustre parfaitement la mutation du secteur automobile : la valeur ne se situe plus uniquement dans la vente du véhicule, mais dans l’usage, le service et la gestion de flottes. En renforçant massivement Arval, BNP Paribas se positionne au cœur de cette transformation, avec des flux de revenus récurrents et une exposition directe aux nouvelles mobilités (électrique, entreprises, abonnements).
Si l’intégration opérationnelle d’Athlon sera un enjeu clé, la création d’un quasi-co-leader européen du leasing confère à BNP un avantage stratégique durable. Dans un environnement bancaire sous pression réglementaire et concurrentielle, ce type d’actif apparaît comme l’un des relais de croissance les plus crédibles à moyen terme.

