Nous y sommes ! A quelques heures du réveillon, la question n’est plus seulement gastronomique mais pleinement économique : combien coûte réellement un repas de Noël en 2025 ? Si l’inflation globale a nettement ralenti, les ménages français restent confrontés à une hausse très hétérogène des prix alimentaires, obligeant à des arbitrages serrés. Derrière quelques baisses bienvenues — champagne, foie gras ou bûches glacées — se cache une réalité plus contrastée, où certaines denrées clés flambent encore. Un révélateur des tensions persistantes sur les chaînes agricoles et agroalimentaires.
📊 La désinflation ne profite pas à tous les produits
Selon le panier de référence établi par Franceinfo, le coût moyen des produits emblématiques du repas de Noël ressort à 155,30 euros, en léger recul sur un an (-1,77 €). Une baisse en trompe-l’œil, tant les écarts entre catégories sont marqués.
Les produits festifs historiquement inflationnistes amorcent enfin un reflux : on retrouve le foie gras avec un repli de -8,7 %, la traditionnelle bûche glacée dont le prix recule de -25,7 %, le Champagne qui baisse de -7,6 %, ou encore le saumon fumé qui affiche -3,6 %.
À l’inverse, les produits du quotidien festif subissent de fortes tensions inflationnistes : c’est le cas des chocolats dont les prix flambent à +21,9 %, conséquence directe de la flambée mondiale du cacao. Les saint-Jacques surgelées ne sont pas en reste puisque les prix affichés en rayon cet hiver croissent de +10 %, tout comme les produits apéritifs qui augmentent jusqu’à +8,9 %. Enfin, autre produit festif, les pommes noisettes connaissent un bon de +17,6 %.
Résultat : malgré une baisse globale marginale, la structure du panier pénalise les ménages modestes, davantage exposés aux produits transformés et aux achats contraints.
🦃 La dinde de Noël, symbole d’une inflation agricole persistante
Cœur du repas traditionnel, la dinde farcie devient un véritable thermomètre des tensions agricoles mondiales. D’après une étude du courtier eToro, son coût pour quatre personnes atteint désormais 73,66 euros, soit une hausse annuelle spectaculaire de 26 %.
Dans une information relayée par Les Echos, Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse marchés chez eToro, explique :
La hausse des prix des céréales et de l’alimentation animale, aggravée par des pertes de récoltes liées aux aléas climatiques, se répercute directement sur le prix final de la viande.
Cette pression dépasse largement les frontières françaises puisque cette inflation se retrouve dans plusieurs autres pays comme l’Allemagne (+27,56 % sur le plat traditionnel), l’Espagne (+22,19 %), le Danemark (+25,9 %) et enfin l’Italie avec une hausse plus contenue à +2,39 %
À l’inverse, les États-Unis font figure d’exception, avec une dinde à 30,7 euros en moyenne, en baisse de 6,5 %, grâce à une normalisation progressive après les chocs inflationnistes de 2022-2023.
👁 L’œil de l’expert : une inflation sélective
Derrière les apparences rassurantes d’un panier de Noël en léger recul, la réalité économique est plus complexe. La désinflation bénéficie surtout aux produits premium et festifs, tandis que les denrées issues des chaînes agricoles mondiales restent durablement sous pression.
Cette dynamique révèle un phénomène clé : l’inflation alimentaire devient structurellement asymétrique, pénalisant les repas traditionnels et renforçant les arbitrages budgétaires des ménages. À court terme, les fêtes resteront coûteuses ; à moyen terme, elles pourraient accélérer une transformation des habitudes culinaires, entre cuisine maison, produits alternatifs et sobriété festive.
