À compter du 1er janvier 2026, les usagers des transports franciliens verront une nouvelle fois la note grimper. Le passe Navigo, pilier de la mobilité quotidienne de millions de Franciliens, fera l’objet d’une revalorisation tarifaire qui dépasse le simple ajustement technique. Derrière cette hausse se dessinent des enjeux économiques majeurs : financement des infrastructures, soutenabilité du modèle de transport public et pression croissante sur le pouvoir d’achat.
Si l’augmentation reste contenue sur le papier, elle s’inscrit dans une tendance structurelle de renchérissement continu depuis une décennie. Une évolution qui alimente un débat de fond sur la gouvernance et le financement des transports collectifs.
📈 Des tarifs en hausse continue
Dès janvier 2026, le forfait Navigo mensuel passera de 88,80 € à 90,80 €, soit une hausse de 2 euros, tandis que le forfait annuel atteindra 998,80 €, contre 976,80 € aujourd’hui. Une évolution qui peut sembler modérée isolément, mais qui prend une autre dimension lorsqu’on l’analyse dans le temps long.
En dix ans, le prix du Navigo a progressé d’environ 30 %, passant de 70 € en 2015 à plus de 90 € en 2026. Il s’agit de la septième augmentation depuis l’arrivée de Valérie Pécresse à la tête de la Région Île-de-France. Les autres titres ne sont pas épargnés puisque le forfait Imagine R (étudiants) passera à 401 € à partir de septembre 2026, le ticket unitaire métro/RER sera à 2,55 €, alors que le Navigo Liberté+ sera facturé 2,04 € par trajet
Cette évolution tarifaire reflète une pression budgétaire croissante sur Île-de-France Mobilités (IDFM), confrontée à l’explosion des coûts d’exploitation et à l’élargissement constant du réseau.
🚆Une équation budgétaire délicate
Pour justifier cette hausse, IDFM met en avant un effort d’investissement sans précédent. Depuis 2016, ce sont 1 400 rames de métro, RER, trains et tramways qui ont été renouvelées ou modernisées, tandis que l’ensemble de la flotte de bus est en cours de verdissement. À cela s’ajoutent 15 lignes nouvelles ou prolongées, la généralisation de la vidéosurveillance et les exigences environnementales accrues.
Le chantier le plus structurant reste toutefois le doublement du réseau de métro, avec plus de 200 km de nouvelles lignes prévues d’ici 2031, un projet au coût astronomique. « Toutes ces évolutions ont un coût important, car l’extension du réseau entraîne mécaniquement une hausse des charges d’exploitation », souligne Île-de-France Mobilités.
Pour contenir l’impact sur les usagers, la Région revendique un bouclier tarifaire, limitant la hausse à inflation +1 %. Elle rappelle également que 50 à 100 % du coût du Navigo est pris en charge par les employeurs, et que les collectivités contribuent fortement au financement du réseau. Sans ces mécanismes, le coût réel du passe avoisinerait 280 € par mois.
Mais cette lecture est loin de faire consensus. À gauche, Céline Malaisé dénonce une stratégie budgétaire contestable sur l’antenne de RMC :
Ces hausses pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat et traduisent un manque de recherche de nouvelles recettes
critique l’élue régionale, pointant notamment la mise en concurrence du réseau de bus. Du côté des usagers, la Fnaut adopte une position plus nuancée. Son président Marc Pelissier reconnaît une hausse « raisonnable », tout en posant une condition claire :
La contrepartie doit être le renforcement des indemnisations pour les lignes défaillantes
rappelle-t-il à France 3.
👁️ L’œil de l’expert : une hausse contenue
D’un point de vue économique, la hausse du passe Navigo en 2026 apparaît modérée dans son ampleur, mais significative dans sa répétition. Elle révèle un modèle de transport public pris en étau entre investissements massifs, exigences environnementales et contraintes sociales. À moyen terme, la question clé ne sera plus seulement celle du prix payé par l’usager, mais celle de la diversification des sources de financement.
Sans nouvelles recettes structurelles, le risque est clair : une érosion progressive de l’acceptabilité sociale des hausses tarifaires, au moment même où les transports collectifs sont appelés à jouer un rôle central dans la transition écologique et la cohésion économique de la région.

