Meta frappe un nouveau coup majeur dans la course mondiale à l’intelligence artificielle. Le groupe de Mark Zuckerberg a officialisé l’acquisition de Manus, un agent d’IA autonome développé par la startup d’origine chinoise Butterfly Effect, aujourd’hui établie à Singapour. Derrière cette opération, estimée par plusieurs analystes entre 1,5 et 2 milliards de dollars, se dessine une stratégie économique claire : transformer l’IA en moteur de revenus récurrents via l’abonnement, tout en renforçant la souveraineté technologique de Meta face à OpenAI, Google ou Anthropic.
🧠 Manus et la monétisation de l’IA
Contrairement aux assistants conversationnels classiques, Manus se positionne sur un segment à forte valeur ajoutée économique : celui des agents autonomes capables d’exécuter des tâches complexes de bout en bout. Là où ChatGPT ou Gemini répondent à des requêtes, Manus agit : analyse de données, études de marché, programmation, gestion de processus RH ou logistiques.
Cette différenciation explique son succès rapide auprès des entreprises, via un modèle par abonnement, que Meta entend préserver. Le groupe a d’ailleurs confirmé vouloir « continuer d’exploiter et de commercialiser le service Manus, tout en l’intégrant progressivement à ses produits », soulignant l’importance stratégique de cette brique logicielle dans son portefeuille. Pour Xiao Hong, directeur général de Manus, l’opération marque un changement d’échelle décisif :
Il ne s’agit pas d’une simple acquisition. C’est la confirmation que l’ère de l’IA qui agit, crée et innove ne fait que commencer
a-t-il déclaré sur X. Sur le plan financier, les chiffres attirent l’attention. Selon Bloomberg, Manus affichait déjà 125 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel, pour une valorisation antérieure estimée à 500 millions de dollars après une levée menée par Benchmark. Une trajectoire qui justifie, aux yeux des marchés, un multiple élevé et une transaction pouvant dépasser les 2 milliards de dollars.
🌍 Un investissement sous surveillance
Ce rachat s’inscrit dans une dynamique d’investissement massive. Meta a récemment relevé ses dépenses d’investissement prévues pour 2025 à 70–72 milliards de dollars, soit une hausse de 75 % par rapport à 2024, avec l’IA comme priorité absolue. Pour les analystes de Bloomberg Intelligence, l’intégration de Manus répond à une faiblesse structurelle du groupe :
Meta manque encore d’applications d’agents basées sur ses propres modèles fondamentaux, contrairement aux écosystèmes de ChatGPT, Google Gemini ou Claude.
L’objectif est double : combler le retard fonctionnel et surtout structurer une activité d’abonnements IA, capable de générer des flux de trésorerie récurrents et d’améliorer la visibilité financière du groupe à moyen terme.
Mais l’opération n’est pas sans risque. Bien que Manus soit désormais basé à Singapour, ses origines chinoises pourraient entraîner un examen réglementaire renforcé, dans un contexte de rivalité technologique exacerbée entre Washington et Pékin. Les restrictions américaines sur les exportations de puces avancées vers la Chine illustrent cette tension croissante, susceptible de peser sur les futures intégrations technologiques transfrontalières.
👁️ L’œil de l’expert
Avec Manus, Meta ne rachète pas seulement une technologie performante : il acquiert un modèle économique éprouvé, centré sur l’abonnement et l’automatisation à forte valeur ajoutée. Ce mouvement marque un tournant stratégique : l’IA n’est plus uniquement un centre de coûts ou d’infrastructures, mais devient un vecteur direct de monétisation.
Si les risques réglementaires demeurent réels, l’opération confirme une tendance lourde : les géants de la tech entrent dans une phase de consolidation accélérée autour des agents autonomes, perçus comme le prochain standard de productivité numérique. Pour Meta, le pari est clair : transformer l’IA en pilier de croissance durable, capable de justifier l’ampleur de ses investissements colossaux.

