Le couperet semble prêt à tomber pour Casa France, l’enseigne bien connue d’ameublement et de décoration. Alors que le secteur traverse une crise structurelle, l’entreprise — qui compte 143 magasins dans tout l’Hexagone et près de 700 salariés — s’achemine vers une liquidation judiciaire, selon les dernières déclarations officielles. En cause : l’effondrement de sa maison mère belge et des offres de reprise jugées probablement irrecevables par le tribunal de commerce de Bobigny.
La chute d’une enseigne fragilisée par l’international et l’immobilier
Ce mercredi, Casa France a jeté un froid dans le monde de la distribution spécialisée : les administrateurs judiciaires ont demandé l’ouverture d’une procédure de liquidation, faute de solutions viables pour sauver l’activité. Le tribunal doit rendre sa décision le 27 juin.
Si l’origine du naufrage est bien identifiée, elle ne vient pas directement de France. C’est la liquidation de Casa International, la maison mère basée en Belgique, qui a provoqué un effondrement en cascade. Cette filiale, chargée historiquement de la logistique et du système informatique pour l’ensemble du groupe, a cessé ses activités après sa propre liquidation en mars 2025, consécutive à une défaillance intervenue dès octobre 2024.
Dans un communiqué, Casa France insiste :
Il s’agit d’un choc exogène, indépendant de notre gestion locale.
Résultat : la désorganisation brutale du fonctionnement opérationnel, non seulement en France mais dans toutes les filiales européennes du groupe. Selon la direction, cette rupture a rendu les opérations quasi impossibles, malgré la volonté affichée de relancer l’activité.
Marché en crise et offres de reprise insuffisantes
Au total, neuf offres de reprise ont été examinées, mais aucune ne répondrait aux critères légaux stricts exigés par la loi, selon les déclarations de l’entreprise. Casa France anticipe ainsi un rejet massif de ces propositions par la justice commerciale. Cela condamnerait l’ensemble des magasins ainsi que les fonctions support (RH, comptabilité, marketing…) à la fermeture.
Derrière cette issue dramatique se cache un marché structurellement affaibli. Casa France n’était déjà pas au meilleur de sa forme avant la faillite belge. L’entreprise évoque une double pression :
- D’un côté, la conjoncture immobilière dégradée : lorsque les ventes de logements stagnent ou chutent, l’achat de mobilier recule mécaniquement.
- De l’autre, la montée en puissance du e-commerce, qui bouleverse les habitudes de consommation dans le secteur de l’ameublement et marginalise les enseignes physiques traditionnelles.
En mars dernier, l’entreprise s’était pourtant déclarée prête à un redressement judiciaire, dans l’espoir de séduire un repreneur. Mais la combinaison de facteurs exogènes et structurels semble avoir eu raison de cette stratégie.
L’œil de l’expert : le digital rebat les cartes
La disparition potentielle de Casa France signe un tournant dans le paysage de l’ameublement français. Elle illustre à la fois la fragilité des modèles intégrés, dépendants d’un support central étranger, et l’extrême sensibilité du secteur au contexte macroéconomique. Dans un marché où le digital rebat les cartes, les acteurs traditionnels doivent accélérer leur transformation ou risquer la sortie de route. Dans le cas de Casa, la convergence entre crise logistique, absence de repreneur crédible et contexte économique défavorable a constitué une tempête parfaite.