Alors que le contexte économique incertain redessine les comportements financiers, l’assurance vie s’impose avec autorité comme le placement préféré des Français, reléguant le Livret A à la troisième place. À travers les résultats révélés par l’étude du Cercle de l’Épargne, se dessine un basculement profond des arbitrages patrimoniaux, entre désintérêt croissant pour certains placements traditionnels et reconfiguration du paysage d’épargne.
Chute du Livret A : fin de l’âge d’or pour l’épargne liquide
L’enquête menée par le CECOP pour le Cercle de l’Épargne et AG2R La Mondiale Amphitéa, publiée ce 30 juin, marque une inflexion notable : seuls 52 % des Français considèrent désormais le Livret A comme un placement intéressant, contre 60 % un an plus tôt, et 65 % en 2023. Cette dégringolade trouve une explication directe dans la révision à la baisse de son taux, passé de 3 % à 2,4 % au 1er février, avec un nouvel ajustement « sévère » attendu pour le 1er août.
Pour autant, ce placement défiscalisé conserve un attrait significatif chez les plus jeunes : 59 % des 18-24 ans le jugent encore attractif, contre 53 % chez les 65 ans et plus. Il reste l’un des rares produits garantis dont la rémunération surpasse l’inflation actuelle. Mais son rôle de valeur refuge semble s’effriter, concurrencé par des produits plus rémunérateurs ou stratégiques à long terme.
Dans le même mouvement de reflux, les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) pâtissent toujours des turbulences du secteur immobilier, avec une image ternie malgré les premiers signaux de stabilisation. De leur côté, les SICAV voient leur intérêt s’éroder face à la montée en puissance des ETF, mieux armés pour séduire une clientèle soucieuse de frais réduits.
L’assurance vie et l’immobilier locatif en force
Au sommet du classement : l’assurance vie. Elle reste plébiscitée par 58 % des sondés, consolidant ainsi sa position de numéro un. Le retour en grâce des fonds euros, dont le rendement moyen a grimpé à 2,6 % en 2024, redonne des couleurs à ce produit longtemps critiqué pour sa faible performance.
En parallèle, l’immobilier locatif reprend du galon. Jugé intéressant par 56 % des Français, il s’installe à la deuxième place. Son attractivité repose sur une logique de revenu complémentaire régulier, notamment en perspective d’un futur à la retraite. Malgré les contraintes fiscales ou les risques de vacance, il reste une brique incontournable dans la construction d’un patrimoine à long terme.
En revanche, le Plan Épargne Retraite (PER) recule fortement dans l’opinion : seulement 48 % des personnes interrogées le trouvent attractif, contre 57 % l’an passé. Ce désintérêt s’explique sans doute par la complexité perçue du produit et les craintes sur sa liquidité à court terme.
Les actions, elles, se stabilisent avec 41 % d’avis favorables, témoignant d’un intérêt mesuré pour le risque boursier, tandis que les crypto-monnaies stagnent à 21 %, loin derrière dans les intentions d’épargne, malgré leur exposition médiatique.
L’œil de l’expert : stabilité et performance
Le palmarès 2025 des produits d’épargne révèle un glissement vers des supports jugés plus stables et performants à long terme, dans un contexte d’incertitudes économiques, de tensions géopolitiques et de défiance envers les promesses institutionnelles. Comme le souligne Fabrice Heyriès, directeur général d’AG2R La Mondiale :
Dans un contexte incertain, les produits d’épargne de long terme comme l’assurance-vie et le PER rassurent et accompagnent les Français dans leur projection d’avenir.
Cette mutation des arbitrages financiers traduit une nouvelle exigence : celle d’une rentabilité maîtrisée, conjuguée à une autonomie dans les choix patrimoniaux. Le « placement préféré » n’est plus celui qui rassure, mais celui qui protège, rapporte et s’adapte.
