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Assurances : vers une « taxe émeutes » qui va alourdir la facture des ménages

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Ce risque sécuritaire qui se transforme en coût économique pour les Français… Après le terrorisme, les catastrophes naturelles et les pandémies, un nouveau risque s’invite dans l’équation financière des Français : les émeutes. Un amendement récemment adopté au Sénat ouvre la voie à la création d’une surprime spécifique dite « émeute » intégrée aux contrats d’assurance automobile et habitation dès 2026. À la clé, une hausse estimée à 5 % du coût global des assurances, voire davantage selon les professionnels du secteur. Derrière cette mesure, une question centrale se pose : le financement du maintien de l’ordre est-il en train de basculer du public vers les assurés ?

📈 Une nouvelle charge assurantielle

Sur le plan strictement économique, l’introduction d’une surprime « émeutes » constitue un changement structurel dans la tarification des assurances. L’objectif affiché par l’État est clair : faire face à des sinistres d’ampleur croissante, dont le coût dépasse désormais les mécanismes classiques de mutualisation.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les violences urbaines de 2023, survenues après la mort de Nahel à Nanterre, ont engendré près d’un milliard d’euros de dégâts, selon une estimation du Sénat. Un montant suffisamment élevé pour inciter les pouvoirs publics à externaliser une partie du risque financier vers les contrats privés.

Mais cette logique suscite une vive incompréhension. Sur l’antenne de RMC, le journaliste Olivier Truchot résume : « Les casseurs cassent et les Français paient la facture », pointant une forme de transfert indirect de responsabilité. Pour les ménages, cette mesure se traduirait mécaniquement par une augmentation des primes d’assurance auto et habitation, dans un contexte déjà marqué par l’inflation des coûts du logement et de l’énergie.

Plus inquiétant encore, certains assureurs estiment que la hausse réelle pourrait dépasser les 5 % annoncés. « C’est 5 % de taxes, mais avec les frais d’expertise et de gestion des sinistres, on sera plutôt sur 10 à 15 % », alerte Camille, assureur dans le Gard, sur RMC Story.

⚖️ Assureurs et contribuables en alerte

Au-delà du montant, c’est la nature même du risque « émeute » qui pose problème. Sa définition juridique et assurantielle reste floue, ce qui inquiète fortement les professionnels du secteur. « Quelle sera la définition exacte de l’émeute ? », s’interroge Abel Boyi, toujours sur RMC, soulignant un risque d’insécurité contractuelle pour les assurés comme pour les compagnies.

Les experts en gestion des risques dénoncent également une réponse jugée trop mécanique. « C’est une réponse aveugle qui ne mise pas sur la prévention », critique François Beaume, président de l’Association pour le management des risques et des assurances dans l’entreprise. Selon lui, cette approche déresponsabilise les acteurs publics et transforme un enjeu régalien en variable d’ajustement budgétaire.

Même analyse du côté des syndicats. « L’État se décharge sur le privé, mais le privé veut être payé », observe Bruno Poncet, rappelant que les assurés contribuent déjà largement via leurs cotisations. À terme, cette logique pourrait aussi réduire l’indemnisation de certains sinistres, comme c’est déjà le cas pour certaines catastrophes naturelles, faute de rentabilité suffisante.

👁️ L’œil de l’expert : un tournant silencieux

L’instauration d’une surprime « émeutes » marque un tournant discret mais majeur dans l’économie de l’assurance en France. En faisant porter aux ménages le coût d’un risque sécuritaire croissant, l’État amorce un glissement progressif des obligations régaliennes vers le secteur privé.

À court terme, la mesure pèsera directement sur le pouvoir d’achat. À moyen terme, elle pourrait redessiner l’offre assurantielle, avec des contrats plus chers, plus restrictifs et plus sélectifs. Pour les assurés, l’enjeu sera désormais de comparer finement les garanties, d’anticiper les hausses tarifaires et de s’interroger sur la soutenabilité d’un modèle où l’instabilité sociale devient un risque assurable… et facturable.

Written by
Morgane Cariou

Rédactrice web au sein du Groupe Win'Up, Morgane rédige des contenus d'actualité sur l'épargne, les finances personnelles, les impôts et assure également la mise à jour du site pour optimiser votre navigation.

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