Le fabricant centenaire Brandt, propriétaire de marques emblématiques comme De Dietrich, Vedette et Sauter, vient d’être placé en redressement judiciaire. Ce recours, validé par le tribunal de Nanterre le 1er octobre, vise à sécuriser l’activité et à accélérer la recherche d’un investisseur. Une décision lourde de sens dans un secteur fragilisé par la crise immobilière et la baisse structurelle des ventes de gros électroménager.
📉 Secteur sous pression et modèle fragilisé
Avec 260 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 70 % réalisés en France, Brandt reste un acteur majeur de l’électroménager, présent dans 36 pays et soutenu depuis 2014 par le groupe algérien Cevital. Pourtant, la dynamique est négative. Le Gifam (Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils ménagers) souligne qu’après une baisse en 2023, le marché a encore reculé de –3,9 % en 2024, principalement à cause du marasme immobilier.
En effet, l’achat d’un four, d’une plaque de cuisson ou d’un lave-linge reste très lié à l’acquisition d’un logement ou à un déménagement. Or, la chute des transactions immobilières a directement pesé sur la demande. Résultat : les usines Brandt en Centre-Val de Loire (Orléans, Vendôme) et en région parisienne (Saint-Ouen, Rueil-Malmaison) tournent en sous-régime.
Un porte-parole du groupe résume la situation :
Il y a plusieurs pistes assez sérieuses à l’étude, qui sont bien engagées. Cette procédure va permettre de donner un coup d’accélérateur à la recherche d’un partenaire.
🎯 Une stratégie de survie économique
L’ouverture du redressement judiciaire ne signe pas la fin de Brandt, mais représente une bouée de sauvetage financière. Cette mesure permet de geler les dettes, d’assurer la poursuite de l’activité et de créer un cadre légal pour attirer investisseurs et repreneurs.
Selon Emmanuel Bureau, directeur commercial de Brandt France, l’entreprise travaille depuis trois ans à un repositionnement stratégique : rationalisation de l’offre, recherche de rentabilité et déploiement international. Mais sans apport de capitaux frais, l’équation reste intenable.
Avec près de 750 salariés en France, l’enjeu est aussi social : maintenir l’activité industrielle dans un secteur où les fermetures d’usines se sont multipliées ces dernières années. Les pouvoirs publics et les acteurs économiques suivront de près l’issue de ce dossier, car Brandt incarne l’un des derniers bastions industriels de l’électroménager français.
👁 L’œil de l’expert : résister et changer
Le cas Brandt illustre une vérité implacable : sans adossement solide et sans marché porteur, l’industrie française de l’électroménager peine à rivaliser face à la concurrence mondiale. Le redressement judiciaire, loin d’être un signe de déclin définitif, peut constituer une fenêtre d’opportunité pour attirer un partenaire stratégique capable d’assurer pérennité et innovation.
Toutefois, le défi reste double : surmonter la conjoncture immobilière morose et moderniser l’offre produit pour répondre aux nouvelles attentes (connectivité, efficacité énergétique, design durable). L’avenir de Brandt se jouera donc autant sur la capacité à séduire les investisseurs que sur la faculté à anticiper les évolutions du marché mondial de l’électroménager.