Les automobilistes français commencent à le ressentir à la pompe : les tarifs des carburants repartent à la hausse. Après plusieurs mois d’accalmie, la tendance s’inverse, sur fond de tensions géopolitiques et de nervosité accrue sur les marchés pétroliers. Selon Carbu.com, le sans-plomb 98 s’affiche désormais à 1,785 € le litre, le gazole grimpe à 1,629 €, tandis que le bioéthanol E85 reste le carburant le plus abordable à 0,743 €. Mais derrière ces chiffres, c’est toute la mécanique mondiale du pétrole qui s’emballe à nouveau.
🌍 La géopolitique dicte le prix à la pompe
Depuis plusieurs semaines, les cours du brut connaissent un regain de volatilité. À l’origine de cette flambée : la multiplication des sanctions occidentales contre les groupes russes Rosneft et Lukoil, qui ravivent la crainte d’un déséquilibre de l’offre mondiale. Les marchés redoutent une réduction des exportations de brut russe vers l’Asie, une région toujours plus gourmande en énergie.
En parallèle, les tensions persistantes au Proche-Orient entretiennent une « prime de risque » sur les marchés, en particulier autour du détroit d’Ormuz, par où transite près de 20 % du pétrole mondial. La moindre perturbation logistique dans cette zone stratégique pourrait provoquer un effet domino sur les prix internationaux.
Selon Reuters, cette conjonction de risques pousse les investisseurs à anticiper une hausse durable des cours du Brent, qui oscille désormais autour de 87 dollars le baril, contre 80 dollars il y a un mois. L’OPEP+ accentue le phénomène : la coalition maintient une politique de restriction de production, malgré la demande soutenue en Asie. Résultat : l’offre reste contrainte, et les prix à la pompe reflètent mécaniquement cette tension globale.
⛽ Carburants : une hausse, oui, mais pas une explosion
Si la hausse est perceptible dans les stations-service françaises, elle demeure contenue pour l’instant. Le sans-plomb 95 (E5) s’établit à 1,710 € le litre, en progression de 0,6 % sur une semaine, tandis que le gazole, carburant le plus utilisé dans le pays, enregistre la plus forte hausse hebdomadaire (+2,1 %). À l’inverse, les carburants alternatifs comme le GPL (0,965 €) ou le GNV (1,078 €) restent stables, offrant un répit à certains automobilistes.
Les analystes restent mesurés : une flambée incontrôlée des prix semble improbable. « Seul un scénario extrême, comme un blocage durable du détroit d’Ormuz ou une chute brutale de la production russe, pourrait entraîner une véritable explosion des tarifs », expliquent des spécialistes interrogés par Reuters.
Pour l’heure, la marge de manœuvre fiscale de l’État et la baisse saisonnière de la demande européenne devraient contribuer à stabiliser les prix d’ici à l’hiver. Toutefois, si les tensions géopolitiques s’aggravent, les consommateurs pourraient voir leur budget transport sérieusement amputé.
👁️ L’œil de l’expert : entre prudence et incertitude
Pour Jean-François Robin, économiste en chef chez Natixis, « la volatilité actuelle des prix du pétrole traduit une fragilité structurelle du marché mondial. Tant que l’offre reste dépendante de zones politiquement instables, les chocs de prix se répéteront ».
En clair, la facture à la pompe devient le baromètre de la stabilité internationale. Et si la situation reste maîtrisée à court terme, l’hiver pourrait réserver de mauvaises surprises si les tensions persistent.
 
                                                                                                                                                 
                                                                                                     
                             
                                




 
 
			        


 
 
			        