2026, l’année d’un rééquilibrage économique attendu. À l’approche de la nouvelle année, les grandes institutions économiques affinent leurs projections macroéconomiques. Après l’Insee, c’est au tour de la Banque de France de livrer sa lecture de l’exercice 2026. Derrière des chiffres en apparence modérés se dessine en réalité un changement de moteur pour l’économie française, avec un basculement progressif vers une croissance plus “classique”, moins dépendante de l’État et davantage portée par les ménages et les entreprises. Une évolution structurante, aux implications financières majeures.
📈 Croissance et inflation : redressement sous contrôle
La Banque de France anticipe pour 2026 une progression du PIB de 1 %, après une année 2025 estimée à 0,9 %. Une trajectoire légèrement plus prudente que celle de l’Insee, mais qui confirme néanmoins un retour progressif de la dynamique économique.
Sur le front des prix, le scénario est tout aussi révélateur. L’institution prévoit une inflation harmonisée à 1,3 % en 2026, contre 0,9 % en 2025. Un niveau compatible avec l’objectif de stabilité des prix de la Banque centrale européenne, tout en marquant la fin d’une période d’inflation exceptionnellement basse.
L’Insee, de son côté, projette un indice national atteignant 1,5 % sur un an à l’été 2026, ce qui confirme une tendance haussière modérée mais durable.
Cette configuration pourrait permettre aux acteurs financiers d’évoluer dans un environnement plus lisible, avec des taux réels moins contraignants et une visibilité accrue pour l’investissement à moyen terme.
🏗️ Retour progressif de l’investissement privé
Après deux années de prudence marquée, la consommation des ménages devrait reprendre des couleurs. Selon Olivier Garnier, chef économiste de la Banque de France, « on reviendrait à une hausse de 0,8 % de la consommation en 2026 », après seulement 0,4 % en 2025.
Une amélioration certes graduelle, mais significative, dans un contexte où les ménages restent décrits comme structurellement inquiets quant à l’avenir économique du pays.
Du côté des entreprises, le signal est également plus favorable. Les investissements productifs, déjà repartis fin 2025 après près de deux années d’atonie, devraient se consolider. Quant aux ménages, leur investissement immobilier bénéficierait d’un redémarrage des programmes de logements neufs, soutenant à la fois le secteur du bâtiment et l’activité bancaire. Ce redressement conjoint de la consommation et de l’investissement privé constitue un levier clé pour la croissance future, tout en réduisant la dépendance aux dépenses publiques.
🏛️ Moins d’État, plus de privé
L’enseignement central des projections de la Banque de France réside dans la mutation du modèle de croissance. Olivier Garnier résume clairement l’enjeu : « Sur la période 2026-2028, la croissance sera principalement tirée par la demande privée ». Un contraste net avec les années 2024-2025, durant lesquelles la dépense publique et les exportations avaient compensé la faiblesse de la demande intérieure.
Ce recentrage s’accompagne toutefois d’un revers conjoncturel : une hausse temporaire du chômage début 2026. La Banque de France évoque une simple « bosse » sur la courbe, avec un retour progressif aux niveaux antérieurs dès la mi-année. Une lecture partagée par l’Insee, qui exclut un retournement structurel du marché du travail.
Par ailleurs, la baisse attendue de l’investissement public local – phénomène récurrent à l’approche des élections municipales – pèsera sur la contribution des collectivités à la croissance, accentuant encore le rôle central du secteur privé.
👁️ L’œil de l’expert : une trajectoire plus saine
Les prévisions de la Banque de France dessinent une normalisation bienvenue de l’économie française, après des années de croissance artificiellement soutenue. Le retour d’une demande privée plus robuste est un signal positif pour la soutenabilité des finances publiques et la crédibilité budgétaire du pays.
Néanmoins, cette trajectoire reste fragile : elle suppose une confiance durable des ménages, un accès fluide au crédit et un environnement monétaire stable. À défaut, la reprise pourrait rester partielle. 2026 s’annonce donc moins comme une année d’euphorie que comme un test de solidité du modèle économique français.

