Le 7 août 2025, les États-Unis imposent des droits de douane de 39 % sur les produits suisses, un coup dur pour une économie fortement exportatrice. Malgré une tentative de négociation à Washington, la Suisse est rentrée bredouille. Pour désamorcer cette guerre commerciale, elle mise désormais sur l’achat d’armements américains, notamment 36 avions F-35, espérant ainsi obtenir un geste de Washington. Cette crise soulève des questions économiques, diplomatiques et stratégiques, tout en alimentant un débat interne sur la souveraineté et la neutralité helvétique.
✈ L’achat d’armes en guise d’apaisement
Martin Pfister porte-parole de l’industrie suisse déclare :
Le taux de 39 % est un véritable coup dur pour nos exportations. Face à cette pression, la Suisse doit déployer tous les moyens diplomatiques et stratégiques pour retrouver des conditions commerciales équitables
La Suisse adopte alors une stratégie visant à utiliser ses commandes d’armements comme levier pour apaiser la tension commerciale avec Washington; et ce à n’importe quel prix. Dans ce cadre, Berne a confirmé, voire accéléré, certaines commandes d’équipements militaires américains, notamment l’achat des 36 avions de combat F-35A ainsi que des systèmes de défense Patriot. Ces acquisitions représentent un investissement de plusieurs milliards d’euros, avec un montant connu d’environ 6,4 milliards d’euros pour les seuls F-35A. Cette démarche a pour objectif de démontrer un engagement clair et durable dans la coopération militaire, dans l’espoir d’encourager les États-Unis à revoir à la baisse leurs droits de douane imposés à la Suisse.
👎 La compétitivité de la Suisse fragilisée
L’imposition par les États-Unis d’un droit de douane record de 39 % sur les produits suisses représente la taxe commerciale la plus élevée infligée à un pays européen. Cette mesure fragilise sévèrement la compétitivité de la Suisse sur le marché américain, face à des concurrents bénéficiant de conditions bien plus avantageuses, comme l’Union européenne (15 %), le Royaume-Uni (10 %) ou le Japon (15 %).
Paradoxalement, la Suisse applique elle-même des droits de douane très faibles, sur la plupart des produits importés des États-Unis. Selon une étude de l’ETH Zurich, cette surtaxe pourrait faire reculer le PIB suisse de 0,3 % à 0,6 %, sans provoquer de récession immédiate, mais en causant la perte de 7 500 à 15 000 emplois dans les secteurs exportateurs stratégiques.
Martin Pfister souligne :
La Suisse n’a jamais connu un tel niveau de taxation de la part d’un partenaire commercial majeur. Cela crée un déséquilibre structurel dans nos échanges avec les États-Unis.
Il ajoute également :
C’est une mesure qui pénalise l’innovation suisse. Nos PME, notamment dans les hautes technologies, subissent de plein fouet ce choc tarifaire.
👁 L’œil de l’expert : la diplomatie par l’armement
La Suisse doit faire face à des enjeux économiques, diplomatiques et stratégiques majeurs. Les droits de douane américains menacent la compétitivité de ses exportations, impactant croissance et emplois. Sur le plan diplomatique, elle cherche à préserver des relations stables avec Washington malgré les tensions. Militairement, la modernisation via des armements américains augmente sa dépendance technologique et questionne sa neutralité historique. Ces défis nourrissent un débat politique interne sur la souveraineté et les choix stratégiques. Dans un contexte géopolitique multipolaire, la Suisse doit équilibrer sa sécurité nationale, son indépendance et ses alliances internationales.