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Photo du premier ministre François Bayrou, lors d'une conférence de presse à Paris
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"L'heure de vérité" : F. Bayrou sonne le tocsin sur la dette française et appelle au sursaut

Dans un discours qualifié d’« heure de vérité », François Bayrou a dressé un constat implacable de l’état des finances publiques françaises. Face à un déficit chronique, une dette galopante et des dépenses sans efficacité sociale apparente, le Premier ministre tire la sonnette d’alarme : sans redressement urgent, la France risque de perdre sa souveraineté économique. En présence de plusieurs ministres et parlementaires, il a rappelé que le pays ne pouvait plus se permettre ni d’accroître les impôts, ni de continuer à emprunter. Si les solutions restent à débattre, l’urgence, elle, ne fait plus de doute.

📉 Un modèle économique à bout de souffle

« La France vit au-dessus de ses moyens depuis trop longtemps », martèle François Bayrou. Avec un déficit commercial structurel avoisinant les 100 milliards d’euros par an, notre pays est le seul en Europe à accumuler un tel déséquilibre. Une faiblesse structurelle que le Premier ministre explique par une double carence : insuffisance de production nationale et faible taux d’emploi. « Nous consommons ce que nous ne produisons pas », déplore-t-il, rappelant que la France est absente de nombreux segments industriels et agricoles cruciaux.

Par ailleurs, le niveau d’activité est insuffisant, notamment chez les jeunes et les seniors, comparativement à des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Ce déficit d’emploi contribue à une croissance molle et alimente le besoin de dépenses publiques toujours plus élevées.

Avec 58 % du PIB consacré aux dépenses publiques — un record mondial —, la France reste pourtant loin des premières places en termes de qualité de vie, de taux d’emploi ou de lutte contre les inégalités. Bayrou cite en exemple le Canada et les Pays-Bas, qui ont réussi à conjuguer désendettement et bien-être des populations. « Dépenses publiques maximales, moral minimal », résume-t-il.

🚨 Dette explosive et refus de la facilité fiscale

Autre alerte : la trajectoire de la dette publique. D’après les projections gouvernementales, le service de la dette atteindra 100 milliards d’euros par an d’ici 2029, dépassant dès 2027 le budget alloué à l’Éducation nationale. Chaque Français est aujourd’hui porteur d’une dette publique estimée à 50 000 euros. Une situation qualifiée de « piège dangereux, potentiellement irréversible » par François Bayrou.

Face à cette spirale, les options classiques sont exclues :

  • Hausse des impôts ? Intenable. La France détient déjà le record mondial de pression fiscale, comme l’a rappelé le Premier ministre : « Si nous continuons à augmenter les prélèvements, c’est notre pays qui en souffrira. »
  • Poursuite de l’emprunt ? Inviable. Cela fait des décennies que l’État compense ses déficits par l’endettement, ce qui ampute aujourd’hui sa capacité d’investissement, notamment dans les secteurs clés comme la défense.

Pour retrouver des marges de manœuvre, Bayrou appelle à atteindre 3 % du PIB de déficit, seuil qu’il qualifie de « limite stratégique pour préserver notre indépendance ».

👁 L'œil de l'expert : une feuille de route encore floue mais un cap clairement fixé

François Bayrou ne propose pas encore de mesures concrètes, mais il dessine une méthode et un calendrier. Dès ce mois-ci, des travaux thématiques avec les parlementaires vont débuter, visant à revoir l’efficacité des missions de l’État. Une conférence des territoires, prévue le 6 mai, permettra aussi de discuter des finances locales. Un point d’inquiétude pour André Laignel, vice-président de l’AMF, qui craint que les collectivités deviennent une variable d’ajustement budgétaire.

Préconisation d’expert :
Pour sortir de cette impasse, la France doit engager une transformation profonde de son modèle productif, en stimulant le travail et la production nationale, plutôt qu’en ajustant uniquement les dépenses. Le rééquilibrage budgétaire ne pourra être durable que s’il s’accompagne d’un choc d’offre, d’une réforme de l’emploi des seniors et d’une stratégie industrielle volontariste. Le vrai courage politique réside désormais dans l’action concrète, pas dans le constat.

À propos de l'auteur

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.