L'Union européenne face aux droits de douane de Trump : quelle riposte est préparée?
L'Union européenne se retrouve dans une position complexe face à l'escalade des droits de douane imposés par Donald Trump. Après avoir été frappée par plusieurs vagues de taxes, Bruxelles s'apprête à répondre de manière "ferme et proportionnée". Toutefois, au-delà des mesures économiques, l'UE cherche encore une voie de négociation avec les États-Unis, tout en craignant l'escalade d'un conflit commercial aux répercussions mondiales.
📐 Une riposte graduée mais diversement perçue
Depuis mars, l'Union européenne a dû faire face à plusieurs séries de surtaxes décidées par Washington. Après un premier coup de 25% sur l'acier et l'aluminium en mars, l'administration Trump a élargi sa frappe en imposant de nouvelles taxes de 25% sur les automobiles au début du mois d'avril, suivies d’une nouvelle salve de 20% touchant l’ensemble des produits européens à partir du 9 avril.
Pour réagir à ces taxes, Bruxelles a adopté une approche graduée et ciblée. En réponse à la surtaxe sur l'acier, l'UE prévoit des droits de douane de 25% sur des produits américains tels que les motos, le maquillage, la volaille et le soja. Un vote au sein du Conseil de l’UE doit valider cette liste, avec des mesures devant entrer en vigueur mi-mai, certaines taxes étant toutefois différées, comme pour les amandes, jusqu’en décembre.
La réplique face aux taxes sur les automobiles et les 20% généraux pourrait prendre forme dès la semaine prochaine. Cependant, au sein des Vingt-Sept, des divergences existent concernant l’intensité de la réponse. Certains pays, comme la France et l’Allemagne, évoquent un "instrument anti-coercition", un mécanisme inédit qui permettrait de geler l’accès aux marchés publics européens ou d’entraver certains investissements. Toutefois, cette option suscite des inquiétudes parmi certains membres, redoutant une aggravation du conflit avec les États-Unis.
⚡️ Négociations complexes : un dialogue sous haute tension
Bien que l’UE affiche sa volonté de négocier, les discussions avec Washington sont loin d’être simples. Maros Sefcovic, le commissaire européen au Commerce, a mené des échanges avec des responsables américains à Washington. Cependant, ces négociations semblent en partie obstruées par les exigences de Donald Trump. Ce dernier souhaite non seulement des engagements de l'Europe sur l'achat de gaz naturel liquéfié américain, mais aussi la levée des "barrières non tarifaires", telles que les régulations sanitaires, les normes environnementales ou les politiques fiscales, en particulier la TVA européenne.
Peter Navarro, le conseiller commercial de Trump, est une figure centrale dans cette dynamique. À l'inverse des responsables de l’administration Trump avec qui Maros Sefcovic a échangé, Navarro a fait de la réduction des barrières non tarifaires un point de tension majeur. "L'Europe a une TVA de 19%, nous ne pouvons pas rivaliser avec cela", a déclaré Navarro, exprimant un mécontentement profond à l’égard des normes et pratiques européennes. La Commission européenne a réagi en affirmant ne pas partager l’analyse américaine sur ces questions, mais sans avancer de propositions concrètes pour apaiser les tensions sur ce sujet.
👁 L'œil de l'expert: prévisions et conseils pour l'UE
Face à ce conflit croissant, l’UE doit anticiper un impact économique majeur, notamment dans les secteurs directement touchés par les surtaxes. Une réponse équilibrée, cherchant à éviter une escalade incontrôlable, tout en préservant les intérêts européens, semble impérative. L’option de l’"instrument anti-coercition" pourrait être utile, mais elle doit être utilisée avec prudence afin de ne pas provoquer une réaction plus forte de Washington.
Sur le plan des négociations, l’UE pourrait envisager de modifier sa stratégie pour prétendre à des discussions plus approfondies avec Peter Navarro, la véritable force de décision derrière ces mesures protectionnistes. Il devient dans tous les cas crucial de trouver un terrain d’entente sur les questions de régulations commerciales et fiscales, tout en poursuivant les négociations sur les produits industriels, notamment les automobiles, afin de limiter les dégâts à court terme.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français