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Photo d'un groupe de travail masculin en pleine session de travail collectif
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Les défaillances d'entreprises en France : une stabilité fragile mais qui reste inquiétante

Les défaillances d'entreprises, après avoir connu un ralentissement notable pendant la période de crise liée à la pandémie, reprennent progressivement de la vigueur. En février 2025, les chiffres publiés par la Banque de France montrent une stabilité des défaillances sur un mois, mais un inquiétant phénomène de hausse persistante sur un an. Cette situation, bien que moins marquée qu’en janvier et décembre 2024, continue de concerner de nombreux secteurs. L’augmentation des défaillances d’entreprises soulève de multiples interrogations, notamment en ce qui concerne l’évolution économique et la résilience du tissu entrepreneurial.

📈 Une hausse des défaillances qui reste inquiétante, mais modérée

Le mois de février a vu une stabilité relative des défaillances d’entreprises, avec un total de 66.107 défaillances sur douze mois, un chiffre à peine modifié par rapport aux 66.182 de janvier. Bien que le nombre de défaillances reste constant d'un mois sur l'autre, la situation est cependant plus complexe lorsque l’on examine les données sur l’année. En effet, le nombre de défaillances continue de croître, avec une augmentation de 12,5 % par rapport à l’année précédente. Cette tendance, bien que plus modérée que les mois précédents, masque une réalité préoccupante. Comme le souligne la Banque de France, cette augmentation s'explique en partie par un effet de rattrapage après la forte baisse observée pendant la crise du Covid-19.

Cependant, cette tendance haussière marque un ralentissement par rapport aux mois précédents, où les hausses annuelles étaient respectivement de 15,4 % en janvier et 17,4 % en décembre 2024. Ce léger atténuation pourrait suggérer une stabilisation progressive, bien que l'augmentation reste préoccupante sur la longue durée. Par ailleurs, si certains secteurs comme l'enseignement, la santé ou les services connaissent une hausse modérée, d’autres secteurs, tels que les transports (+23,2 %), l’immobilier (+20,8 %) et la construction (+18,7 %), subissent des augmentations nettement plus marquées.

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises semblent particulièrement touchées, avec un nombre de défaillances qui reste stable depuis plusieurs mois. En janvier et février, 65 ETI et grandes entreprises ont fait faillite, soit une hausse de 6,6 % par rapport à l'année précédente. Ces chiffres sont bien plus élevés que la moyenne pré-pandémique, qui se situait à 33 entre 2010 et 2019, ce qui reflète une fragilité accrue du secteur entrepreneurial, même parmi les entreprises de plus grande taille.

🏭 Une dynamique contrastée mais préoccupante

L'augmentation des défaillances d'entreprises n'est pas uniforme. Tandis que certains secteurs comme les transports, la construction et l'immobilier continuent de souffrir d'une instabilité importante, d'autres secteurs, en particulier ceux liés à l’enseignement, la santé ou l’industrie, enregistrent des hausses moins spectaculaires. Cette disparité entre secteurs révèle des tensions économiques diverses et des problématiques spécifiques à chaque industrie.

En parallèle, les créations d’entreprises continuent d’augmenter. En 2024, environ 1,11 million d’entreprises ont été créées, soit une hausse de 2,3 % par rapport à l’année précédente. Cette dynamique suggère que le tissu entrepreneurial français reste actif et que de nouvelles initiatives prennent vie, malgré un environnement économique complexe. Toutefois, cette forte création d'entreprises pourrait cacher une réalité plus sombre : la pression sur les entreprises existantes et la concurrence accrue.

👁 l'œil de l'expert : un double défi pour l’économie française

Les défaillances d'entreprises, bien que relativement stabilisées en février, demeurent une source d’inquiétude. La hausse continue, notamment dans des secteurs comme les transports ou la construction, témoigne des tensions économiques auxquelles de nombreuses entreprises doivent faire face. Cette situation, associée à une création d'entreprises en forte hausse, pose un double défi pour l’économie : d’un côté, la résilience de l’écosystème entrepreneurial reste forte, mais de l’autre, de nombreuses entreprises sont fragilisées par un contexte difficile.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français