Retards de paiement : le médiateur alerte sur la dégradation de la situation
La question des retards de paiement en entreprise, déjà problématique avant la crise de la covid, continue de se poser avec acuité en 2024, selon le dernier rapport du médiateur des entreprises. si l’activité du médiateur est restée relativement stable en 2024, un constat préoccupant s’impose : le nombre de jours de retard dans les paiements recommence à augmenter, mettant en péril les petites et moyennes entreprises (pme). Ce phénomène s'accompagne de tensions grandissantes entre les acteurs économiques, qu'il convient d'analyser sous l'angle des conditions de paiement et des nouvelles contraintes financières, notamment dans le secteur de la défense.
🚨 Inquiétude grandissante face au retour des retards de paiement
Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises, a récemment alerté que les délais de paiement recommencent à augmenter, après une période de rétablissement post-covid. En effet, après être descendus à 10 jours de retard en moyenne avant la crise, ces délais étaient montés à 16-17 jours durant la pandémie. Bien qu'ils aient légèrement diminué en 2021 pour se stabiliser autour de 12 jours, 2024 marque un rebond inquiétant avec des retards qui atteignent désormais 13 à 14 jours en moyenne. Cette situation semble encore plus préjudiciable pour les PME, pour lesquelles chaque jour de retard peut représenter des pertes financières considérables.
Selon le médiateur, chaque jour de retard dans les paiements d’une facture représente un milliard d’euros de liquidités non versées aux petites entreprises. Pour les grandes entreprises et administrations, cette situation est beaucoup moins problématique puisque ces dernières peuvent supporter les délais sans impacter leur trésorerie. Mais pour les PME, ces retards peuvent rapidement se transformer en une menace pour leur survie, en particulier dans un contexte économique déjà fragile. En 2024, 41% des demandes de médiation portaient sur des problématiques liées aux conditions de paiement, un chiffre en légère hausse par rapport aux années précédentes.
🪖 La défense : un secteur sous tension
Le secteur de la défense, pointé par Pierre Pelouzet comme un enjeu crucial dans les mois à venir, fait face à une pression particulière. Suite à l’évolution de la position américaine concernant la guerre en Ukraine, la France et l’Europe ont décidé d’augmenter considérablement leurs dépenses dans ce domaine. Ces efforts de réarmement risquent d’entraîner une explosion des commandes, qui devraient doubler, voire tripler, dans les prochaines années.
Un tel accroissement des commandes nécessitera un besoin de trésorerie considérable, notamment pour les petites entreprises qui travaillent en sous-traitance pour les grands groupes industriels comme Dassault aviation, Thales ou airbus. Pierre Pelouzet a précisé que son objectif sera de collaborer étroitement avec les acteurs du secteur afin d’assurer le respect des délais de paiement. Il a également suggéré que des solutions comme les acomptes pourraient être explorées pour soutenir la trésorerie des entreprises les plus petites et les plus vulnérables. Le ministère des armées a d'ores et déjà averti qu'il serait "particulièrement exigeant" quant à la bonne gestion des commandes et des paiements.
👁 L'œil de l'expert : des solutions en vue, mais des efforts à intensifier
Face à cette situation inquiétante, des actions concrètes doivent être mises en place pour éviter que la situation ne se détériore davantage, notamment pour les PME. Pierre Pelouzet appelle au dialogue et à la coopération entre tous les acteurs économiques pour éviter que ces tensions ne nuisent à l’équilibre fragile des entreprises françaises. En particulier, le secteur de la défense devra faire l'objet d'une attention particulière, afin de garantir que l'effort de réarmement ne mette pas à mal les acteurs économiques les plus vulnérables.
Une politique de médiation active et de soutien à la trésorerie des PME, ainsi qu’un contrôle renforcé des délais de paiement, apparaissent comme des pistes essentielles pour lutter contre cette tendance inquiétante. Le dialogue entre l’Etat, les grands groupes industriels et les sous-traitants devrait être renforcé pour garantir la stabilité de l’économie française.
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