Voitures d’occasion : la baisse des prix s’accélère, mais tous les acheteurs ne gagneront pas
Bonne nouvelle sur le marché automobile : les prix des véhicules d’occasion reculent enfin, après des années de flambée post-Covid. Mais sous cet assouplissement des tarifs se dessine une fracture silencieuse : les profils les plus fragiles pourraient encore rester à quai.
L’Observatoire La Centrale, publié le 1er juillet, fait état d’un recul généralisé des prix sur le marché de l’occasion. Sur le deuxième trimestre 2025, le prix moyen est retombé à 19.990 euros – une baisse de 1.000 euros en un an, soit –4,76 %. Un symbole fort : c’est la première fois depuis la crise des semi-conducteurs que la barre des 20.000 euros est repassée sous seuil. La dynamique touche toutes les motorisations, électriques et hybrides comprises. Mais au-delà de la bonne nouvelle, il faut interroger les gagnants... et les laissés-pour-compte.
🔋 Baisse visible, électrification accélérée
La chute des prix concerne d’abord les modèles 100 % électriques. Ces derniers enregistrent une baisse spectaculaire de 13 % sur un an, avec un prix moyen désormais inférieur à 20.000 euros. Plusieurs facteurs structurels expliquent ce mouvement : hausse des volumes de véhicules électriques neufs sur les routes, multiplication des modèles d’entrée de gamme, fin de vie de certains modèles remplacés.
Par exemple :
- La Peugeot e-208 chute de 17,5 % en un an pour atteindre 16.490 €.
- La Tesla Model 3 recule de 12,5 %, autour de 27.990 €.
- Seule exception : la Renault Zoé, dont le prix remonte légèrement à 13.000 €, portée par sa rareté croissante avec l’arrivée de la R5.
Selon Anaïs Harmant, directrice marketing de La Centrale, « le véritable enjeu n’est plus le coût, mais la confiance ». Elle insiste : « Ce qui fera décoller l’électrique, ce sont les garanties batterie, les rapports de diagnostic clairs, et un accompagnement professionnel sérieux. »
📊 Pourtant, 48 % des Français envisageant d’acheter un véhicule d’occasion déclarent considérer l’électrique. Et 60 % invoquent des économies d’énergie à l’usage comme première motivation. Mais pour 58 % d’entre eux, le prix d’achat reste trop élevé comparé aux thermiques. Ce paradoxe alimente un clivage sociologique : ceux qui peuvent absorber l’investissement initial – même amoindri – et ceux qui, sans apport suffisant ou accès au crédit, restent à l’écart du virage électrique.
♻️ L'hybride s'impose, mais à quel prix ?
Pendant que les électriques gagnent en attractivité, les hybrides s’imposent comme la valeur refuge du marché. Elles représentent désormais plus d’une immatriculation neuve sur deux en France. Un effet mécanique pousse ainsi l’offre de seconde main à la hausse… et fait mécaniquement baisser les prix.
Résultat : le prix moyen des hybrides d’occasion passe sous les 30.000 euros, à 29.995 €, avec une baisse de 8,77 % sur un an. Mais cette moyenne cache d’importants écarts :
- Le Peugeot 3008 hybride chute de 23,35 %, à 24.990 €.
- Les modèles Toyota (Yaris, CH-R) restent stables, autour de 20 à 25.000 €.
- Les hybrides rechargeables, plus rares, restent chers et réservés à une clientèle plus aisée.
🎯 Ce segment hybride bénéficie d’un fort capital confiance auprès des acheteurs : simplicité d’usage, pas d’anxiété d’autonomie, entretien raisonnable… Pourtant, leur prix reste dissuasif pour de nombreux ménages modestes, en particulier dans un contexte de resserrement des conditions de crédit.
👁 L’œil de l’expert : vers un marché à deux vitesses
Si le recul des prix des véhicules d’occasion semble une excellente nouvelle en apparence, il masque une réalité plus contrastée. D’un côté, les acheteurs solvables profitent de la décote rapide des véhicules électriques et hybrides récents. De l’autre, les profils plus modestes, souvent non éligibles au crédit ou peu informés sur les garanties techniques, peinent encore à franchir le cap.
Le marché s’oriente ainsi vers une polarisation : les primo-accédants urbains, bien accompagnés et conscients des aides disponibles, peuvent tirer parti de cette accalmie tarifaire. Tandis que les ménages les plus précaires, notamment en zones rurales ou périurbaines, restent enfermés dans le parc thermique ancien, plus coûteux à entretenir.
En résumé : la baisse des prix ne suffit pas, seule une politique d’accompagnement large et différenciée permettra un réel rééquilibrage social de la transition automobile.
À propos de l'auteur
Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.