Trump attaque la Fed : une guerre des taux qui coûterait 600 Md$ par an aux USA
Inflation en recul, tempête politique en vue : la pression monte sur la Réserve fédérale. Les tensions entre la sphère politique et la banque centrale américaine atteignent un nouveau sommet. Alors que l’inflation ralentit et que les investisseurs espéraient un assouplissement de la politique monétaire, Donald Trump a lancé une attaque cinglante contre le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, l'accusant directement de nuire aux finances publiques. Lors d’un événement à la Maison Blanche, l’ancien président n’a pas mâché ses mots : « Nous allons perdre 600 milliards de dollars par an à cause d’un abruti », a-t-il déclaré, qualifiant Powell de “numbskull” – un terme aussi insultant que révélateur de la violence politique entourant les décisions monétaires.
💼 Une pression économique… et une dette colossale en jeu
L’essentiel de la critique se concentre sur la politique de taux d’intérêt menée par la Fed. Alors que les chiffres récents de l’indice des prix à la consommation (CPI) montrent une accalmie sur le front de l’inflation, Trump estime que l’inaction de la banque centrale coûte chaque année des centaines de milliards aux contribuables américains. Dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, il écrit en majuscules :
Super chiffres ! La Fed devrait baisser les taux d’un point d’un coup. On paierait beaucoup moins d’intérêts sur les prochaines échéances de dette. Tellement important !!!
Ce plaidoyer n’est pas anodin : la dette fédérale américaine dépasse les 34 000 milliards de dollars, et chaque hausse – ou stagnation – des taux alourdit mécaniquement le service de cette dette. Dans un contexte où les marchés anticipent un assouplissement monétaire, le maintien du statu quo par Powell est perçu par Trump et ses alliés comme un acte de sabotage économique.
Le sénateur J.D. Vance, proche de Trump, est allé encore plus loin en évoquant une « malversation monétaire », suggérant que le refus de la Fed d’abaisser les taux constitue une faute grave de gouvernance financière.
Le président le dit depuis un certain temps, mais c’est encore plus clair : le refus de la Fed de baisser les taux est une malversation monétaire
a-t-il déclaré sur X (anciennement Twitter), au lendemain de la publication des chiffres de l’inflation.
👁 L’œil de l’expert : entre logique économique et stratégie politique
Il faut reconnaître que les appels répétés de Donald Trump à baisser les taux ne sont pas uniquement motivés par des arguments macroéconomiques. Ils s’inscrivent aussi dans une stratégie politique, à l’approche d’échéances électorales majeures. Une baisse des taux pourrait stimuler les marchés, favoriser le crédit et donner un coup de fouet artificiel à l’économie – autant de signaux susceptibles de séduire l’électorat.
Cependant, du point de vue de la Fed, baisser les taux trop tôt pourrait relancer l’inflation ou décrédibiliser l’institution aux yeux des marchés. Jerome Powell, connu pour son approche prudente et analytique, doit composer avec un équilibre délicat entre maîtrise des prix et croissance économique. En refusant de céder à la pression politique, il tente de préserver l’indépendance de la banque centrale – un principe fondateur de la stabilité financière américaine.
Mais cette indépendance est de plus en plus sous pression, dans un climat où chaque décision économique est instrumentalisée politiquement. La guerre des mots entre Trump et Powell révèle en filigrane un débat crucial : qui pilote vraiment l’économie américaine – les technocrates ou les élus ?
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français