La téléphonie mobile entre dans une nouvelle ère tarifaire: jamais le marché de la téléphonie mobile n’avait connu une telle chute des prix. En mai 2025, les forfaits les plus accessibles sont passés pour la première fois sous la barre symbolique des 10 €. Ce tournant historique n’est pas le fruit du hasard : il résulte d’une concurrence féroce entre opérateurs, où chaque acteur tente de tirer son épingle du jeu en cassant les prix et en multipliant les promotions.
Ce phénomène, largement relayé par Les Échos, marque une accélération dans la baisse continue des tarifs mobiles. Derrière cette bataille commerciale, ce sont les consommateurs qui récoltent les fruits d’un marché de plus en plus agressif — mais aussi plus complexe à décrypter.
Des forfaits à prix cassés… pour des usages modérés
Le comparateur Ariase note que la moyenne des forfaits les plus économiques s’établit désormais à 9,84 €, avec des offres accessibles dès 5,41 € chez RED (SFR), 6,03 € chez Bouygues Telecom, et 6,41 € chez Sosh (Orange) et Free Mobile. Ces abonnements incluent souvent au moins 20 Go de données, soit bien plus que la consommation moyenne des Français, qui s’élève à seulement 17 Go par mois.
En deux ans, les tarifs de ces forfaits ont chuté de 43 %, dont 37 % rien qu’en 2024. Une dynamique que les experts attribuent à une compétition acharnée entre les grands opérateurs, tous déterminés à capter de nouveaux clients via des prix ultra-compétitifs, souvent réservés à une souscription en ligne ou à durée limitée.
La guerre des prix est sans merci, et ce sont les utilisateurs aux usages modérés qui en sortent grands gagnants
souligne un analyste d’Ariase.
Il est important de noter que les offres premium, intégrant davantage de data ou des services annexes comme des chaînes TV ou des appels internationaux, restent nettement plus chères. Néanmoins, la majorité des consommateurs n’en ressentent pas le besoin, ce qui rend les offres d’entrée de gamme particulièrement attractives.
La bataille s’étend à la fibre optique
Mais la guerre tarifaire ne s’arrête pas aux forfaits mobiles. Ariase révèle que la pression concurrentielle s’étend désormais au marché de la fibre optique, où les opérateurs tentent d’imposer des abonnements à prix réduits. Une tendance rendue possible notamment par la généralisation des offres sans bouquet TV, qui permet d’abaisser considérablement les coûts.
Dans ce secteur également, la stratégie est claire : épurer les services pour proposer des prix planchers, tout en ciblant une clientèle plus jeune ou désireuse de se passer de la télévision traditionnelle. Cette approche séduit de plus en plus d’utilisateurs, qui privilégient les plateformes de streaming aux box tout-en-un.
Résultat : la fibre devient, elle aussi, plus accessible… au prix parfois de services réduits. Mais pour un public déjà habitué à consommer à la carte, c’est un compromis qui fait sens.
️ L’œil de l’expert : entre bénéfice immédiat et durabilité du modèle économique
La chute des prix des forfaits mobiles illustre une mutation profonde du marché français des télécoms. Si cette baisse profite à court terme aux consommateurs, elle pose aussi la question de la viabilité économique de certains modèles low cost. Une pression constante sur les marges pourrait, à terme, freiner les investissements dans les infrastructures ou nuire à la qualité de service.
L’autre enjeu majeur : la dépendance croissante à des offres promotionnelles éphémères. Le vrai défi pour les opérateurs sera de fidéliser une clientèle volage, attirée par les prix les plus bas. À l’avenir, le paysage pourrait se stabiliser autour de quelques géants capables d’absorber cette guerre des prix… ou voir l’arrivée de nouveaux acteurs disruptifs.
