Après plus de dix ans de stabilité, les frais d’agence immobilière réglés par les locataires vont connaître une revalorisation dès 2026. Un changement majeur, rendu possible par l’arrêté ministériel du 17 juillet 2025, qui actualise enfin des plafonds figés depuis 2014. Cette mise à jour, fondée sur l’évolution de l’indice de référence des loyers (IRL), va entraîner une hausse mécanique des honoraires, avec un impact direct sur le budget logement des Français.
Dans un marché locatif déjà sous tension dans de nombreuses métropoles, cette décision interroge : quelle ampleur réelle ? quels territoires concernés ? comment anticiper ?
📊 Une revalorisation lourde de conséquences
Des plafonds d’honoraires enfin réajustés – Jusqu’ici, les frais d’agence facturés aux locataires étaient encadrés par la loi Alur de 2014 et n’avaient jamais été mis à jour. Résultat : un décalage croissant entre le coût réel des prestations et les plafonds autorisés. Comme l’explique RMC Conso, l’arrêté du 17 juillet 2025 acte une revalorisation modérée mais inédite : « La hausse décidée par l’arrêté reste limitée à +0,87 % », souligne l’UFC-Que Choisir.
Cette augmentation s’appuie directement sur la progression de l’IRL entre 2024 et 2025, ce qui signifie qu’elle pourra évoluer chaque année en fonction de cet indice publié par l’Insee.
Les nouveaux plafonds en chiffres – Dès le 1er janvier 2026, les honoraires maximaux facturés au locataire deviennent :
en zone très tendue : 12,10 €/m² (contre 12 € aujourd’hui)
en zone tendue : 10,09 €/m² (vs 10 €)
et en hors zone tendue : 8,07 €/m² (vs 8 €)
État des lieux : 3,03 €/m² (vs 3 €)
L’impact est donc réel mais limité : une revalorisation de quelques euros, liée principalement à l’inflation cumulée depuis des années.
Exemple concret fourni par l’UFC-Que Choisir – Pour un appartement de 32 m² à Paris, l’un des marchés les plus tendus, la part maximale à la charge du locataire sera composée des frais de location pour un montant de 387,20 € et les frais liés à l’état des lieux s’élèveront à 96,96 €, soit un total maximal de 484,16 €, contre 480 € aujourd’hui. Une augmentation de 4,16 €, qui symbolise l’ajustement de long terme voulu par l’État.
🏘 Location immobilière : un marché en recomposition
Un impact variable selon la localisation – La hausse ne sera pas uniforme. Les zones les plus tendues — Paris, Lyon, Bordeaux, Côte d’Azur — seront naturellement les premières à ressentir la revalorisation. À l’inverse, dans les territoires ruraux ou villes moyennes, l’augmentation sera quasi imperceptible, avec un plafond relevé de seulement 7 centimes par m².
Pourquoi les professionnels réclamaient ce changement ? Depuis plusieurs années, les agences immobilières alertaient sur la hausse de leurs coûts fixes : salaires et charges, loyers commerciaux, digitalisation des services, ou encore formation réglementaire. La revalorisation des plafonds vient donc compenser une pression accrue sur les marges, qui fragilisait certains acteurs, notamment les petites structures indépendantes.
Comment les locataires peuvent se protéger ? La hausse étant encadrée, la marge de manœuvre réside dans la comparaison des agences et la préparation du dossier. Il est donc recommandé pour tout nouveau locataire, en recherche de son prochain logement, de :
demander un détail exhaustif des prestations incluses,
comparer les honoraires entre plusieurs agences,
privilégier, lorsque cela est possible, les offres de locations dématérialisées ou visites virtuelles, moins coûteuses,
anticiper le dépôt du dossier pour éviter les services annexes parfois facturés.
Dès l’entrée en vigueur, les montants officiels seront disponibles sur Service-public.fr, un repère indispensable pour éviter les abus.
👁️ L’œil de l’expert
Cette revalorisation n’est pas une explosion tarifaire, mais elle marque un tournant structurel. Après dix ans de gel, l’État reconnaît implicitement la nécessité d’ajuster les barèmes à l’économie réelle. Pour les locataires, l’impact financier est minime — quelques euros en moyenne — mais symbolique dans un contexte de hausse généralisée des coûts du logement. Pour les agences, c’est une bouffée d’oxygène permettant de maintenir des services de qualité sans rogner davantage sur leurs marges.
En résumé : une hausse mesurée, mais qui rappelle que la tension locative reste un enjeu majeur pour 2026. Les acteurs devront s’adapter, et les locataires, plus que jamais, comparer et anticiper pour optimiser leur budget logement.





