À l’heure où la trêve fragile entre Washington et Pékin arrive à expiration, les marchés retiennent leur souffle. Sans prolongation imminente, les droits de douane pourraient s’envoler dès ce mardi 12 août, atteignant 125 % sur les produits chinois importés aux États-Unis et 145 % sur les biens américains entrant en Chine.
« Mon sentiment est que la trêve pourrait être étendue de 90 jours », confiait récemment Howard Lutnick, secrétaire au Commerce américain, sur Fox Business. Mais le scénario inverse — celui d’une escalade tarifaire — reste plus que jamais sur la table, menaçant chaînes d’approvisionnement, exportateurs et investisseurs.
⚡️ Des tensions commerciales nourries par des enjeux stratégiques
L’origine de cette confrontation remonte à la hausse progressive des taxes décidée par Washington : d’abord +10 %, puis +20 %, officiellement pour sanctionner l’implication de réseaux chinois dans la production de fentanyl, un opioïde responsable d’une grave crise sanitaire aux États-Unis.
En avril, cette querelle bilatérale s’est transformée en véritable guerre économique, les surtaxes dépassant la barre symbolique des 100 %, un niveau rarissime dans l’histoire du commerce international.
Face à l’impact économique, un cessez-le-feu douanier avait été négocié en mai à Genève, ramenant les surtaxes à 10 % et 30 % pour permettre la reprise des discussions. Cette pause a facilité la signature fin juin d’un accord partiel sur les terres rares, un secteur stratégique pour les technologies américaines. Selon Donald Trump, cet engagement devait « accélérer les expéditions vers les États-Unis » tout en levant certaines restrictions imposées à Pékin.
🌍 Stockholm, dernier terrain de jeu diplomatique
Fin juillet, les deux puissances se sont retrouvées à Stockholm pour tenter d’obtenir une nouvelle trêve de 90 jours. Les échanges, qualifiés de « constructifs » par les deux camps, ont porté sur les dossiers commerciaux majeurs, mais aussi sur les importations chinoises massives de pétrole russe et iranien.
« Nous avons exprimé notre vive inquiétude », a déclaré Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor. Côté chinois, Li Chenggang (ministère du Commerce international) a assuré vouloir maintenir un dialogue « étroit et régulier » pour éviter un nouveau choc tarifaire.
En toile de fond, Donald Trump a affirmé à CNBC que les États-Unis étaient « très proches » d’un accord et qu’une rencontre avec Xi Jinping pourrait intervenir d’ici la fin de l’année… à condition qu’un terrain d’entente soit trouvé. Pour l’heure, aucun compromis n’a été officialisé, et les marchés financiers redoutent un basculement brutal.
👁️ L’œil de l’expert
Une surtaxe au-delà de 100 % n’est pas un simple outil de pression : c’est un coup de massue macroéconomique. Elle pourrait renchérir massivement les coûts pour les entreprises importatrices, créer une flambée des prix à la consommation et fragiliser des secteurs entiers, des semi-conducteurs aux biens de consommation courante.
Les investisseurs guettent donc un signe d’apaisement, mais l’histoire récente montre que cette relation bilatérale alterne pauses fragiles et retours soudains aux tensions. La clé résidera dans la capacité des deux géants à sortir d’une logique punitive pour entrer dans une coopération pragmatique, rare mais économiquement salvatrice.