Alors que Kering traverse une zone de turbulences financières, le groupe dirigé par François-Henri Pinault choisit de miser gros sur son futur directeur général. Luca de Meo, ex-patron de Renault, devrait percevoir une indemnité d’arrivée exceptionnelle de 20 millions d’euros, un “golden hello” rarissime en France. Cette décision stratégique, soumise au vote des actionnaires lors de l’assemblée générale du 9 septembre, interroge autant qu’elle fascine dans le contexte d’une baisse drastique des résultats du groupe.
🤝 Bonus de recrutement inédit dans le CAC 40
Luca de Meo, 58 ans, n’a pas encore officiellement pris ses fonctions que sa rémunération défraie déjà la chronique. Le conseil d’administration de Kering propose une indemnité de prise de fonction de 20 millions d’euros, dont 75 % en cash et 25 % en actions. Un geste fort, destiné à compenser les avantages différés qu’il abandonne en quittant Renault.
Selon l’avis de convocation consulté par 20 Minutes, ce montant correspond à la valorisation des rémunérations variables de long terme que de Meo aurait perçues s’il était resté à la tête du constructeur automobile. En clair, Kering n’achète pas seulement un homme, mais un palmarès. L’actuel PDG François-Henri Pinault, qui reste président, entend donner un nouvel élan au groupe, malmené sur ses marques phares comme Gucci ou Balenciaga.
Ce type de “golden hello” — monnaie courante à Wall Street — reste très marginal en France, ce qui fait de ce cas un précédent marquant. Il marque un tournant dans les standards de gouvernance des grands groupes hexagonaux, à la frontière entre prise de risque stratégique et provocation sociale.
🤔 Une générosité qui détonne
Ce signal financier fort intervient alors que les chiffres sont nettement dans le rouge. Kering a annoncé une chute de 46 % de son bénéfice net au premier semestre 2025, à 474 millions d’euros, et un recul de 16 % de son chiffre d’affaires, ramené à 7,6 milliards d’euros. Des résultats qui traduisent un essoufflement des performances commerciales, notamment en Asie.
Malgré ce contexte défavorable, la rémunération fixe annuelle de Luca de Meo est fixée à 2,2 millions d’euros, auxquels s’ajoute un bonus pouvant atteindre 6,6 millions selon les objectifs atteints. En cas de performance standard, le variable représentera 220 % du fixe (soit 4,84 millions €), mais il peut monter à 300 % en cas de “surperformance”.
Autre point soumis au vote : la prolongation de la limite d’âge du président de 65 à 80 ans, et celle du directeur général de 65 à 70 ans. Un choix qui illustre la volonté du groupe de stabiliser durablement sa gouvernance dans une période de transformation délicate.
👁️ L’œil de l’expert : une prise de risque…
Le pari stratégique de Kering est clair : attirer un profil expérimenté, à n’importe quel prix, pour relancer la machine. Mais à l’heure où le luxe mondial ralentit, cette générosité salariale pose question.
Comment justifier un tel package alors que les résultats s’effondrent ? Quelle image cela renvoie-t-il aux marchés, aux actionnaires et à l’opinion publique ? L’indemnité de 20 millions ne pourra être digérée que si Luca de Meo réussit à enclencher une dynamique de reconquête. Autrement, ce “golden hello” pourrait se transformer en « golden fardeau« pour Kering.