Kodak a longtemps incarné le succès américain, affichant dans les années 1980 85 % de part de marché aux États-Unis dans les appareils photo. Sa devise — « Appuyez sur le bouton, nous nous occupons du reste » — symbolisait son ambition de démocratiser la photographie. Mais derrière cette hégémonie se cachait déjà une erreur stratégique majeure.
Entre 1972 et 1975, Kodak invente la photographie numérique… sans l’exploiter pleinement, préférant protéger son lucratif marché de films argentiques. L’entreprise persiste dans ce modèle, lançant même son format APS propriétaire, alors que le virage numérique s’accélère et que les géants japonais grignotent ses parts de marché.
En 1986, un coup dur vient de Polaroid : contraint d’abandonner le segment de l’instantané après une plainte, Kodak rate un secteur en plein boom. Il faut attendre 2004 pour que la société recentre enfin sa stratégie sur le numérique, mais le retard est irrattrapable. Les pertes s’enchaînent et mènent au dépôt de bilan en janvier 2012, avec 17 000 employés restants contre 64 000 dix ans plus tôt.
La sortie du chapitre 11 fin 2013 marque un sursaut : Kodak vend ses brevets à Apple et Google, réorganise ses activités et réduit encore ses effectifs à 7 500 salariés. Mais le rebond boursier espéré s’évapore : l’action passe de 35 $ en 2013 à moins de 3 $ en 2017.
En 2020, l’administration américaine offre un répit inattendu en incitant Kodak à produire des ingrédients pharmaceutiques. La division Advanced Materials and Chemicals devient un pilier stratégique, aux côtés de l’impression et de l’imagerie. Malgré cette diversification, les difficultés persistent : une perte nette de 26 M$ au deuxième trimestre 2025 et 500 M$ de dettes à honorer sans financements engagés. Pour préserver ses liquidités, Kodak a même suspendu les cotisations à son régime de retraite, sans détailler ses options pour éviter une nouvelle faillite.
Kodak illustre la brutalité des transitions industrielles : même une avance technologique précoce peut se transformer en handicap si elle n’est pas exploitée. L’entreprise a survécu à une révolution numérique qu’elle avait elle-même amorcée… mais sans en tirer profit. Aujourd’hui, sa diversification vers la chimie pharmaceutique montre une capacité d’adaptation, mais sans rentabilité durable, l’icône pourrait rejoindre la liste des géants industriels disparus.
En résumé : Kodak ne manque pas d’histoire, mais c’est désormais l’avenir qui lui échappe.
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