La Banque centrale européenne a marqué une pause historique dans son cycle de baisse des taux, ce jeudi 24 juillet 2025, après une année complète de relâchement monétaire. Alors que l’inflation semble stabilisée, cette décision pourrait bien redessiner les perspectives du marché du crédit immobilier.
Si les taux des prêts immobiliers ont connu un recul notable depuis leur pic de 2023, le retournement conjoncturel annoncé pour 2026 laisse craindre un renchérissement du coût du crédit, dans un contexte économique et politique sous tension.
📉 Accalmie en 2025… mais sous surveillance
La décision de la BCE de laisser son taux directeur inchangé, après huit baisses consécutives, n’est pas un choc pour les professionnels du crédit. En réalité, les taux immobiliers avaient déjà entamé leur stabilisation depuis juin 2025, après avoir reculé d’environ un point par rapport à leur sommet de fin 2023 (au-delà de 4 %). Aujourd’hui, les emprunteurs bénéficient de taux moyens autour de 3,15 % sur 20 ans et 3,25 % sur 25 ans, d’après les données de plusieurs courtiers.
Selon Michel Mouillart, professeur d’économie et expert du marché :
Nous allons avoir un taux à 3,11 % toutes durées confondues en moyenne sur l’ensemble de l’année 2025 avant d’atteindre 3,05 % à la fin de l’année
comme il l’a déclaré le 17 juillet lors d’une conférence de l’Observatoire Crédit Logement. Autrement dit, le niveau actuel des taux n’est pas alarmant, et s’aligne même avec la moyenne observée sur les 25 dernières années, en excluant la parenthèse atypique des taux ultra-bas entre 2019 et 2021.
Toutefois, malgré cette parenthèse relativement favorable, la prudence reste de mise : les marchés financiers anticipent que la BCE pourrait reprendre ses baisses à l’automne, mais tout dépendra des données économiques d’ici là.
📈 2026 : risques de remontée des taux
C’est l’année 2026 qui commence déjà à inquiéter les économistes. Si 2025 s’annonce globalement stable, le climat politico-économique hexagonal pourrait fortement peser sur le financement de l’immobilier l’an prochain. Michel Mouillart se montre beaucoup moins optimiste pour 2026, pointant un faisceau de tensions : croissance molle, chômage en hausse, finances publiques fragiles, et surtout un exécutif menacé par une censure de l’opposition lors du prochain budget.
Une dégradation qui pourrait refroidir les investisseurs institutionnels, les incitant à exiger des rendements plus élevés pour financer la dette française, impactant directement les conditions de refinancement des banques. Déjà, le taux de l’OAT à 10 ans, baromètre clé du coût de la dette souveraine, est passé de 3,24 % à 3,35 % en seulement quelques semaines, comme l’indique Fabien Monvoisin, CEO de Crédit Conseil de France.
Cette mécanique est implacable : si les banques se refinancent à un coût supérieur à celui auquel elles prêtent, elles opèrent à perte. Or, les taux actuels des crédits immobiliers tournent autour de 3,15 %, contre un OAT dépassant les 3,25 %. En conséquence, Michel Mouillart anticipe une remontée des taux en 2026, possiblement à 3,40 % d’ici la fin de l’année.
👁️ L’œil de l’expert
Si les ménages peuvent encore profiter en 2025 de conditions d’emprunt relativement équilibrées, les signaux pour 2026 sont nettement moins rassurants. La pause de la BCE pourrait n’être qu’une respiration temporaire dans un cycle économique perturbé par l’instabilité politique française et les tensions sur les marchés obligataires.
Pour les emprunteurs comme pour les investisseurs, l’année 2025 constitue donc une fenêtre stratégique à ne pas manquer. La volatilité attendue des taux en 2026 appelle à une anticipation rigoureuse des besoins de financement, dans un contexte où les marges de manœuvre monétaires pourraient se réduire plus vite que prévu.