Après une longue période de turbulence, le marché français du déménagement enregistre cet été ses premiers signaux positifs. Mais derrière une reprise apparente, les chiffres confirment une dynamique encore hésitante, largement dépendante du secteur immobilier et d’une clientèle aux attentes changeantes. Analyse économique et financière d’une reprise sous conditions.
📈 Une reprise poussive mais réelle
Après un effondrement historique en 2024 (-13,5% d’activité selon le baromètre du déménagement 2025), le secteur du déménagement amorce cet été un rebond limité. Les premières projections anticipent une progression comprise entre +3,5% et +4,5% par rapport à l’année précédente, comme le précise un responsable de l’Organisation des transporteurs routiers, cité par les acteurs du marché.
Certains leaders du secteur enregistrent des performances supérieures à la moyenne. C’est le cas de Démeco, où un cadre se réjouit d’une hausse des sollicitations de 10 à 15%. Une embellie qui trouve sa source dans la légère reprise des transactions immobilières, moteur traditionnel des déménagements. « Forcément, quand il y a plus d’achat, il y a plus de déménagements », résume sobrement un directeur de réseau.
Mais cette croissance reste modérée et incertaine. Comme le souligne un cadre de la Chambre Syndicale du Déménagement, « on fera mieux que l’année dernière, mais ce n’est pas transcendant non plus ». Le secteur reste donc sous tension, oscillant entre timide optimisme et prudence.
🏡 Nouvelle donne et évolution de la demande
Au-delà des chiffres globaux, le redémarrage du secteur cache une mutation géographique du marché. Alors que les grandes métropoles concentrent toujours la majorité des projets, elles perdent en attractivité face aux zones rurales et semi-rurales. Exemple frappant : dans les Ardennes, le volume des projets de déménagement a doublé en un an, illustrant ce recentrage progressif sur des territoires longtemps négligés par les professionnels du secteur.
Autre tendance lourde : les habitudes des consommateurs évoluent. Là où la saison estivale était traditionnellement planifiée longtemps à l’avance, les demandes de dernière minute explosent. « Ce phénomène est encore très marginal l’été d’habitude, mais cette année, nous devons gérer une surcharge imprévue sur certains créneaux », observe un acteur du secteur.
Cette volatilité de la demande, combinée à une reprise fragile, rend la planification complexe pour les entreprises du secteur, déjà confrontées à des coûts logistiques et énergétiques élevés. Le redémarrage observé n’efface donc pas les incertitudes structurelles.
👁 L’œil de l’expert : une croissance fragile
Si le secteur du déménagement connaît en 2025 ses premiers frémissements positifs, cette dynamique reste essentiellement cyclique, liée à la reprise partielle des transactions immobilières. Le changement des habitudes de consommation, l’éloignement du cœur des métropoles, et la pression concurrentielle fragilisent encore un modèle économique peu adaptable aux demandes instantanées.
Pour les analystes économiques, la clé sera de diversifier les offres, optimiser les coûts opérationnels et accompagner les mutations géographiques du marché. L’immobilier et la mobilité résidentielle restent étroitement liés, mais dans un contexte économique incertain, la prudence reste de mise. Les professionnels devront transformer cette reprise conjoncturelle en croissance structurelle, sans quoi le secteur risque de retomber rapidement dans la stagnation.
En résumé : 🚛 Un été encourageant mais pas suffisant pour parler de véritable relance. Le secteur joue désormais une course contre la montre pour s’adapter durablement aux nouveaux équilibres du marché.