Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, un sentiment récurrent s’est installé parmi les Français : celui d’une augmentation de leur pression fiscale. Selon une étude OpinionWay, pour Les Échos et Le Conservateur, relayée par BFMTV cette semaine, 68 % de nos concitoyens estiment payer davantage d’impôts. Cependant, les chiffres officiels suggèrent que la fiscalité des ménages a diminué de 30 milliards d’euros entre 2017 et 2024. Ce décalage entre la perception et la réalité de la fiscalité soulève des questions sur la compréhension des réformes fiscales et leur impact réel sur les contribuables.
⚖️ Les réformes fiscales et leur impact inégal
Bien que les chiffres officiels fassent état d’une baisse globale de la fiscalité, cette diminution ne s’est pas fait de manière égale. Les réformes fiscales entreprises sous le quinquennat Macron, notamment la suppression progressive de la taxe d’habitation, ont largement bénéficié aux ménages modestes. Ce changement a permis à une majorité de foyers de voir leur impôt local réduire de plusieurs centaines d’euros par an. Toutefois, cette mesure n’a pas été suffisante pour compenser les hausses dans d’autres domaines, en particulier la taxe foncière.
La revalorisation des bases cadastrales, couplée aux décisions des collectivités locales, a entraîné une hausse significative de cette taxe, qui a parfois augmenté de 20 à 30 %. Ce phénomène a particulièrement affecté les propriétaires, nourrissant ainsi un sentiment d’augmentation de la pression fiscale, bien que des baisses aient été opérées ailleurs. Par ailleurs, la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30 % sur les revenus du capital et la transformation de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) en Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) ont également été perçues comme des mesures favorisant les plus riches.
La méconnaissance des Français et la perception erronée
Une autre dimension importante du débat fiscal réside dans la méconnaissance du système fiscal français. En effet, une proportion significative de la population ne connaît pas son taux moyen d’imposition, et 80 % des contribuables ignorent leur tranche marginale d’imposition. Cette méconnaissance contribue à une perception erronée de l’évolution de la fiscalité. Malgré des baisses dans certaines catégories d’impôts, beaucoup de Français continuent à percevoir une augmentation des prélèvements. Ce fossé entre la réalité des chiffres et leur perception par la population montre un manque de transparence ou d’explication efficace des réformes.
Une pression fiscale qui reste délicate pour certaines catégories de contribuables
L’impact des réformes fiscales n’a pas été uniforme. Les foyers les plus modestes, ayant bénéficié de la suppression de la taxe d’habitation et de l’augmentation de la prime d’activité, ont vu leur situation s’améliorer. En revanche, les propriétaires et les classes moyennes supérieures ont été davantage affectés par l’augmentation de la taxe foncière, une charge difficilement supportable en raison de l’évolution rapide des bases cadastrales. Ces catégories, souvent au centre des débats sur la fiscalité, semblent moins convaincues par les réformes engagées, ce qui contribue à un sentiment général de hausse des impôts.
L’œil de l’expert
L’approche fiscale du gouvernement Macron a permis d’enregistrer des baisses d’impôts globales mais n’a pas répondu de manière égale aux besoins et attentes des différents foyers. Si les réformes ont été favorables aux ménages modestes, elles ont davantage pénalisé les propriétaires et les classes moyennes. Pour mieux comprendre la fiscalité, il est crucial que l’État améliore la communication et la transparence sur l’évolution des réformes fiscales. Une révision plus nuancée des impôts locaux et une prise en compte des réalités économiques des différentes catégories de Français semblent nécessaires pour une gestion fiscale plus équilibrée.
