L’ère numérique a vu naître une nouvelle génération d’arnaques, où la confiance de l’utilisateur est la première cible. Selon un rapport approfondi de la néobanque Revolut, plus de la moitié des escroqueries en ligne transitent désormais par les messageries instantanées du groupe Meta — WhatsApp, Facebook Messenger et Instagram. Dans ce paysage de fraude en pleine mutation, les escroqueries au faux conseiller bancaire mais aussi les faux emplois se multiplient, exploitant les failles humaines autant que technologiques. Entre explosion des cas et carence des plateformes dans leur lutte contre ces délits, le constat est préoccupant.
Les plateformes de messagerie, nouvel eldorado des cybercriminels
Revolut alerte dans son rapport sur la sécurité financière mondiale : 56 % des fraudes de type « faux conseiller bancaire » sont orchestrées via les outils de messagerie de Meta. Ces escroqueries — communément appelées spoofing — consistent à usurper l’identité d’un conseiller bancaire pour inciter la victime à divulguer ses informations sensibles : codes, identifiants, ou validation de paiements frauduleux.
Le canal privilégié ? WhatsApp, dont les cas signalés ont bondi de 67 % au second semestre 2024. Telegram, autre plateforme chiffrée de bout en bout, n’est pas épargnée : la hausse y atteint 121 %, représentant désormais près d’un cas d’usurpation bancaire sur cinq. Le chiffrement, souvent présenté comme gage de sécurité, devient ainsi un outil à double tranchant. Comme le souligne l’UFC-Que Choisir, ce dispositif « ne protège en rien contre la manipulation ou la fraude ».
Ces chiffres pointent directement les responsabilités des plateformes, et notamment les lacunes du groupe Meta dans la mise en œuvre de protections efficaces contre les arnaques. Malgré les promesses de modération algorithmique et de signalement renforcé, les utilisateurs restent très vulnérables.
En France, les arnaques à l’emploi explosent et ciblent les plus fragiles
Au-delà des fraudes bancaires, la France fait face à une recrudescence des escroqueries liées à l’emploi, un phénomène que Revolut qualifie de spécificité nationale. Ces escroqueries représentent 28 % des signalements en France, une part significative juste derrière l’Italie (52 %).
L’arnaque dite « à la tâche » est particulièrement répandue : des escrocs contactent leurs victimes via WhatsApp ou Telegram et leur proposent un emploi en apparence simple, comme liker des contenus ou poster des avis. Après une première rémunération réelle destinée à instaurer la confiance, une demande de paiement apparaît pour accéder à de prétendues missions supplémentaires. La victime est alors prise dans un engrenage coûteux.
Ces techniques ciblent en priorité les personnes précaires ou en recherche d’emploi, souvent en quête d’une source de revenu complémentaire. Or, ces escroqueries sont bien plus qu’un désagrément : elles peuvent entraîner un surendettement ou une perte totale de confiance dans les offres numériques.
L’œil de l’expert : Que faire face à cette vague de fraudes ?
Le rapport de Revolut alerte : les arnaques numériques changent de forme mais s’ancrent durablement dans nos usages du quotidien. Pour y faire face, il ne suffit plus de renforcer les outils de signalement. Il est impératif d’exiger des plateformes comme Meta et Telegram des moyens technologiques de détection proactifs, au-delà du simple signalement manuel. Mais aussi d’accélérer les campagnes de sensibilisation ciblées, notamment auprès des jeunes, des seniors et des demandeurs d’emploi. On peut aussi imaginer de mieux former les utilisateurs aux réflexes numériques de sécurité : ne jamais transmettre ses codes par messagerie, vérifier les identités via un canal officiel, et toujours se méfier des offres trop alléchantes.
Comme le souligne Revolut, ces tendances nécessitent une réponse collective et la mise en place d’un cadre plus contraignant pour les géants du numérique. Sans cela, le risque est clair : laisser se généraliser une économie parallèle de la fraude, opérant en toute impunité.
