Le rideau est tombé sur l’édition 2025 du Tour de France Femmes avec Zwift, marquée par le sacre de Pauline Ferrand-Prévot dès sa première participation. Mais au-delà des exploits sportifs, c’est le bilan financier de cette édition élargie à neuf étapes qui suscite le débat. Entre primes boostées et répartition en équipe, la dynamique économique du cyclisme féminin progresse, certes, mais révèle aussi un écart toujours béant avec les standards masculins. Zoom sur les chiffres qui comptent vraiment.
💸 Des gains en hausse, mais toujours un plafond de verre
L’ajout d’une neuvième étape en 2025 a mécaniquement gonflé le prize-money total à 259 430 €, un montant en nette progression… mais qui reste largement inférieur à celui du Tour masculin, où les dotations frôlent les 2,3 millions d’euros. Les 154 coureuses du peloton féminin, réparties sur plusieurs formations, se sont donc partagé cette enveloppe selon des critères similaires à ceux des hommes : classement général, performances par étape, sprints intermédiaires ou combativité.
🎯 « Même si ces primes ne représentent pas leur source principale de revenus – les coureuses sont salariées de leur équipe – elles restent un marqueur fort de reconnaissance et d’équité dans le sport », explique Julien Guérineau, auteur du bilan publié par L’Équipe.
Grande bénéficiaire de l’édition, Ferrand-Prévot a cumulé 61 050 € de primes, dont 80 % sont revenues à son équipe Visma-Lease a Bike, qui domine donc le classement des équipes les mieux rémunérées. Elle devance Demi Vollering (33 560 €) et Lorena Wiebes, double vainqueure d’étapes et maillot vert, qui avait pourtant devancé Ferrand-Prévot au cumul des primes en milieu de Tour.
📊 Côté collectif, les primes sont complétées par une dotation de 200 € par jour pour l’équipe la plus performante sur chaque étape, et jusqu’à 6 000 € de bonus pour les formations les mieux classées au général. Mais la répartition reste très déséquilibrée : certaines équipes comme Winspace Orange Seal ont terminé le Tour avec à peine 290 € de gains, un contraste saisissant avec les géants du peloton.
🥇 Récompenses annexes : le mérite au-delà du podium
La dynamique de récompenses dites “annexes” souligne l’intensité stratégique du Tour féminin. Maëva Squiban, en s’illustrant à trois reprises comme coureuse la plus combative, a su tirer son épingle du jeu avec deux victoires d’étapes. Elle termine en tête des primes hors classement général, devançant Élise Chabbey, maillot à pois tout au long du Tour, et Franziska Koch, spécialiste des sprints intermédiaires.
Si la victoire au classement général reste le Graal, ces classements parallèles valorisent l’offensive et la tactique, des qualités indispensables dans un format de neuf étapes où chaque seconde et chaque attaque comptent. La FDJ-Suez, malgré l’absence de victoire d’étape, est parvenue à monter sur le podium des équipes les mieux rémunérées, grâce à ses performances constantes (meilleure formation sur six étapes). Elle devance notamment l’équipe UAE ADQ de Squiban et AG Insurance-Soudal.
💬 « Le système de primes par équipes permet de redistribuer la valeur créée sur le terrain, mais tant que les dotations globales restent si basses, l’impact économique reste modeste », analyse encore Julien Guérineau.
👁️ L’œil de l’expert : un modèle économique en pleine transformation, mais encore fragile
Le Tour de France Femmes 2025 témoigne d’une professionnalisation accrue du cyclisme féminin, notamment via une reconnaissance financière mieux structurée. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : même les plus grandes championnes ne rivalisent pas, en termes de primes, avec leurs homologues masculins. La disparité demeure criante, malgré des progrès notables.
Pour assurer la pérennité économique de la discipline, il est urgent que les sponsors, les organisateurs et les diffuseurs amplifient leur engagement. Plus de visibilité, c’est plus d’attractivité, donc plus d’argent à redistribuer dans les pelotons.
📈 En résumé, le Tour 2025 montre une dynamique encourageante, mais l’équité reste un horizon à atteindre, pas une réalité acquise.