L’eau à portée de tous les foyers . Longtemps perçue comme un luxe réservé à une élite, la piscine est aujourd’hui en pleine transformation économique. En 2025, la France compte 3,6 millions de bassins privés — une progression fulgurante de +50 % en seulement huit ans, selon la Fédération des professionnels de la piscine (FPP). Si l’envie de se rafraîchir chez soi n’a jamais été aussi forte, c’est aussi parce que les modèles accessibles financièrement — mini, hors-sol ou en kit — ont envahi le marché. Face aux vagues de chaleur et à des terrains toujours plus petits, une nouvelle équation émerge : bien-être + budget serré = piscines repensées. Zoom sur un phénomène aux multiples facettes économiques.
« Petites tailles, gros potentiel » : la mini-piscine, star des extérieurs étroits
La configuration des logements évolue, et avec elle, celle des bassins. Les mini-piscines (moins de 10 m²) séduisent un public de plus en plus large. Elles représentent désormais une vente sur dix, selon une enquête relayée par TF1. Cette croissance n’est pas anodine. Comme l’explique Joëlle Pulinx, porte-parole de la FPP :
La surface moyenne des jardins diminue. La piscine type aujourd’hui fait 7m50 par 3m50.
Mais cette contrainte spatiale se double d’un levier économique. Une mini-piscine enterrée, installation comprise, coûte en moyenne entre 8 000 et 10 000 €. Soit une économie de plus de 60 % par rapport à une piscine standard professionnelle, dont les tarifs oscillent entre 17 000 € et… plus de 50 000 € selon les équipements.
Au-delà du coût d’achat, la taille réduite limite les frais d’entretien : moins d’eau, moins d’électricité pour la filtration, et un chauffage moins énergivore. La rentabilité énergétique et écologique devient ainsi un argument fort pour cette clientèle nouvelle, souvent composée — selon la FPP — d’ouvriers, d’employés et de retraités, qui représentent à eux seuls 44 % des propriétaires de piscines.
Hors-sol, en kit : le modèle DIY dynamise l’offre abordable
Le marché ne se limite pas aux modèles enterrés. Les piscines en kit ou hors-sol, encore moins onéreuses, offrent une alternative intéressante pour les budgets serrés. Leur avantage principal ? L’auto construction. En supprimant le coût de la main-d’œuvre, ces solutions ramènent l’investissement à quelques milliers d’euros, parfois moins de 5 000 € tout compris.
Dans un contexte où la reprise de la consommation reste fragile depuis début 2025, la dynamique s’est réenclenchée dès mi-juin, sous l’effet des fortes chaleurs. Une confirmation que le climat influence directement le comportement d’achat, comme le note Joëlle Pulinx :
On a observé une légère reprise récente, après un marché plutôt atone en début d’année.
Ces solutions, si elles ne permettent pas la nage sportive, répondent à une demande croissante de convivialité.
La principale motivation reste le plaisir de se retrouver en famille autour de la piscine
souligne la représentante de la FPP. L’expérience prime sur la performance.
Une économie du plaisir sous tension
Loin d’un simple loisir, le développement des piscines abordables traduit une profonde évolution sociétale : celle de la démocratisation du confort privé. Si l’on compare la piscine à un bien de consommation courante, comme une voiture, son prix suit aussi une logique d’équipement — un modèle de base étant accessible, mais pouvant grimper jusqu’à 25 000 € en moyenne selon les options.
Dans ce contexte, la mini-piscine devient un produit hybride : alliant accessibilité financière, performance énergétique et réponse au changement climatique. En intégrant des solutions de filtration basse consommation ou des pompes à chaleur de dernière génération, même les petits bassins peuvent s’inscrire dans une dynamique durable.
Enfin, la part croissante de ménages modestes parmi les propriétaires souligne un basculement des mentalités : la piscine n’est plus un marqueur de statut social, mais une réponse concrète à la recherche de bien-être quotidien.
️ L’œil de l’expert : une industrie en pleine mutation
Joëlle Pulinx, de la Fédération des professionnels de la piscine, résume la tendance avec justesse :
La piscine n’est plus un produit de luxe. Elle est devenue un choix de confort, d’usage, et d’économie.
Ce virage structurel reflète non seulement une adaptation du marché à la réalité budgétaire des foyers français, mais aussi une évolution des usages et des attentes en matière de loisirs à domicile. La montée en puissance des modèles compacts et DIY ne doit pas être vue comme un simple effet de mode. C’est l’émergence d’un nouvel équilibre entre accessibilité, responsabilité énergétique et qualité de vie. Le marché de la piscine low-cost pourrait bien devenir l’un des marqueurs économiques de cette décennie.