L’économie française traverse une phase critique : entre janvier et juin 2025, plus de 30 000 chefs d’entreprise ont cessé leur activité. Un signal alarmant pour les petites structures, mais qui commence aussi à fragiliser des sociétés plus établies.
📉 Des faillites concentrées pour le moment
Le constat est implacable. Selon le baromètre de l’association GSC et d’Altares, révélé par RMC, 30 000 dirigeants ont perdu leur activité sur les six premiers mois de 2025, soit une hausse de 4,3 % en un an. Dans plus de 80 % des cas, il s’agit d’entreprises de moins de cinq salariés, ce qui souligne la vulnérabilité persistante des plus petites structures.
Certaines régions apparaissent comme des épicentres de cette crise. La Nouvelle-Aquitaine concentre à elle seule 2 754 pertes d’emploi de dirigeants, quand d’autres zones comme la Bourgogne-Franche-Comté, la Provence-Alpes-Côte d’Azur ou le Grand Est montrent un léger mieux.
Pour Hervé Kermarrec, président de GSC, cette vague de défaillances traduit « une activité économique ralentie et des trésoreries tendues ». Plus inquiétant encore : les signaux laissent craindre une aggravation au second semestre. Les difficultés de liquidités ne touchent plus seulement les TPE, mais commencent à peser sur des PME plus robustes, fragilisant le tissu entrepreneurial dans son ensemble.
🛑 La réalité humaine derrière les chiffres
Derrière les statistiques, des parcours bouleversés. Émilie, commerçante bordelaise, a dû mettre fin à son activité après dix ans dans le mobilier et la décoration. Elle confie à RMC :
Au travers des années, tout s’est complexifié. Tu commences à avoir des problèmes personnels, le stress, les impayés… À un moment, ton cerveau dit stop.
Comme elle, de nombreux dirigeants expérimentés se retrouvent piégés par l’effet ciseau entre baisse d’activité et accumulation d’impayés. Leur âge médian est de 46 ans, soit une génération de chefs d’entreprise en pleine maturité professionnelle, mais désormais contrainte de se réinventer.
La fermeture d’une société ne représente pas seulement une perte économique : c’est aussi une rupture sociale et psychologique. Ces entrepreneurs doivent solder des années d’efforts, gérer les licenciements, et dans certains cas envisager une reconversion. « Pour les entrepreneurs, il est de plus en plus dur de se projeter sur le long terme », résume Émilie, qui rendra les clés de son local lundi prochain.
👁️ L’œil de l’expert : la dure réalité
Cette montée des cessations d’activité souligne la fragilité du modèle des PME françaises, colonne vertébrale de l’économie. Leur dépendance à la trésorerie, leur exposition aux impayés et leur faible capacité d’absorption des chocs en font des cibles privilégiées des ralentissements économiques.
Si les pouvoirs publics n’agissent pas rapidement via des soutiens ciblés (report de charges, accès facilité au crédit, médiation des dettes interentreprises), le risque est d’entrer dans une spirale où la disparition de petites structures engendrera des pertes d’emplois en chaîne et un affaiblissement durable du tissu productif national.
