Alors que l’inflation se stabilise et que les taux d’intérêt atteignent un plateau, les Français restent frileux quant à leur situation économique. En juin 2025, l’indice de confiance des ménages calculé par l’Insee reste figé à 88 points, un score bien en dessous de sa moyenne historique. Ce statu quo, loin de refléter une amélioration, témoigne au contraire d’un climat d’incertitude persistant.
Dans l’attentisme économique généralisé
Le niveau de confiance enregistré par l’Insee pour juin est identique à celui de mai, mais reste inférieur aux attentes des économistes qui anticipaient un léger rebond à 89 points. Ce maintien à bas niveau s’inscrit dans un contexte économique ambigu : si l’inflation semble contenue, les ménages français n’en ressentent pas encore les effets positifs sur leur pouvoir d’achat.
Ce scepticisme ambiant repose sur plusieurs facteurs structurels :
- Des revenus réels peu dynamiques, en dépit des revalorisations salariales ponctuelles,
- Une incertitude persistante sur les prix de l’énergie et de l’alimentation,
- Et une crainte marquée face à un environnement géopolitique et budgétaire tendu.
Comme le souligne Elena Smirnova, analyste chez Reuters :
la stabilisation de l’indice à 88 points n’est pas une bonne nouvelle, c’est un signal d’enlisement. Cela indique que les ménages ne perçoivent pas encore d’amélioration notable de leur situation, ni immédiate ni future.
Un climat peu propice à la reprise
Sur le plan financier, ce manque de confiance se traduit par une propension à l’épargne qui reste élevée, et une frilosité persistante vis-à-vis de la consommation et de l’investissement. Les ménages semblent attendre un signal fort – baisse des taux ou reprise plus claire – pour redéployer leur budget vers des dépenses importantes.
La Banque de France note d’ailleurs une stagnation des crédits à la consommation, et une faible reprise des emprunts immobiliers. Les taux d’intérêt, bien qu’ayant cessé de grimper, restent encore trop élevés pour relancer massivement l’achat de biens durables ou le financement de projets personnels.
En parallèle, les ménages les plus modestes restent les plus vulnérables à la moindre variation de prix. Leur confiance dans leur avenir financier est affaiblie par :
- Un reste à vivre sous pression,
- L’accumulation de dettes à court terme,
- Et l’absence de perspectives d’amélioration rapide.
Ce climat pèse mécaniquement sur la consommation, moteur traditionnel de la croissance française. Sans confiance, pas de reprise solide, rappellent les économistes.
️ L’œil de l’expert : un indice figé qui dit beaucoup
Un indice stable peut sembler anodin. En réalité, dans un contexte où les signaux économiques sont contrastés, il témoigne d’un manque de cap ressenti par les ménages. Si les fondamentaux ne se détériorent plus, ils ne s’améliorent pas pour autant. Le maintien de l’indice à 88 points reflète un attentisme rationnel mais coûteux, tant pour la croissance que pour l’investissement des entreprises.
Le gouvernement, en quête de relance durable, devra sans doute miser sur des mesures ciblées pour soutenir le pouvoir d’achat et restaurer la confiance. Sans choc psychologique ou budgétaire positif, la stagnation risque de s’ancrer durablement.