Bâtir autrement pour loger mieux : face à une crise immobilière persistante et une envolée des taux de crédit qui fragilise l’accès au logement, les professionnels du secteur cherchent des solutions concrètes pour rendre l’habitat plus abordable. Grand Paris Aménagement, sous l’impulsion de son président Jean-Philippe Dugoin-Clément, s’est attaqué à un problème fondamental : le coût de production. L’idée est simple mais ambitieuse : réduire de moitié le prix des logements en agissant directement sur les méthodes de construction, sans jamais compromettre la qualité.
Pour cela, un concours a été lancé en janvier pour identifier les projets capables de bâtir moins cher, plus vite, tout en répondant aux normes environnementales et structurelles actuelles. Les premiers permis de construire sont attendus avant la fin 2025.
Construire autrement : industrialisation, modularité et territoires ciblés
L’un des axes forts de cette mutation repose sur la construction hors site : fabriquer les composants des bâtiments en usine, puis les assembler directement sur le terrain. Ce procédé permet de réduire les coûts, d’accélérer les délais, tout en assurant un niveau de qualité constant.
Le projet Métamorphose, soutenu par Continental Foncier, l’agence Moon et Immobilière 3F, illustre cette approche. Il mise sur de petits immeubles d’un ou deux étages, implantés dans des zones détendues, où la pression immobilière est moindre. L’industriel Sybois prendra en charge la préfabrication. Selon Jean-Philippe Dugoin-Clément, ce modèle montre que « l’on peut produire à coût réduit sans sacrifier la qualité« , un principe central du cahier des charges du concours.
Autre initiative, le projet d’In’li, filiale d’Action Logement, et de l’agence Martin Duplantier. Ce programme vise à favoriser l’évolution de l’habitat dans le temps, en permettant aux résidents d’adapter leur logement selon les étapes de leur vie (agrandissement de la famille, départ des enfants, vieillissement…). Le recours à des SCI d’attribution permet également une mutualisation des coûts entre acquéreurs, rendant les opérations plus accessibles.
️ Habitat sur-mesure : flexibilité et adaptabilité au cœur du logement
Autre enjeu clé : repenser l’usage des espaces. Dans les zones à forte tension comme la petite et la grande couronne parisienne, le projet Omotenashi s’inspire des ryokan japonais, ces auberges traditionnelles où les pièces sont modulables grâce à des cloisons mobiles.
Ce projet, porté par Hibana, le cabinet ECDM, et les industriels Rector et Pobi, offre un logement flexible, capable d’évoluer au fil du temps et des besoins, sans nécessiter de transformations lourdes ou coûteuses. Un vrai pas vers un habitat plus intelligent et adaptable.
Fait notable, selon Jean-Philippe Dugoin-Clément, « moins d’un quart des candidats a demandé des dérogations aux normes« . Une surprise qui montre que l’innovation n’impose pas nécessairement de bouleverser le cadre légal. Grand Paris Aménagement accompagnera les lauréats dans l’obtention de terrains et dans les démarches pour accélérer les dépôts de permis de construire d’ici la fin de l’année 2025.
️ L’œil de l’expert : vers un nouvel âge d’or de l’immobilier accessible ?
Cette initiative pourrait marquer un tournant majeur pour un secteur souvent accusé d’immobilisme. En favorisant l’industrialisation, la flexibilité et l’intelligence d’usage, ces projets illustrent une prise de conscience : on peut faire mieux, plus vite, et surtout, moins cher, sans sacrifier la durabilité ni le confort.
Le logement de demain sera peut-être préfabriqué, évolutif et partagé, mais il devra avant tout rester accessible, au cœur des villes comme en périphérie. Une ambition que Grand Paris Aménagement semble bien décidé à concrétiser.
