Longtemps perçus comme un simple outil de spéculation, les stablecoins – ces cryptomonnaies adossées à une monnaie traditionnelle comme le dollar – s’imposent désormais comme un moyen de paiement incontournable dans l’économie mondiale. Du commerce en ligne aux transactions entre entreprises, ces actifs numériques, portés par des géants comme l’USDC de Circle ou l’USDT de Tether, modifient en profondeur les circuits financiers. L’adoption récente du GENIUS Act aux États-Unis, qui encadre leur utilisation, pourrait en accélérer l’essor.
🔹 Alternative sérieuse pour les particuliers et les commerçants
Les stablecoins répondent à un besoin clé : réduire les frais de transaction et accélérer les transferts d’argent.
Dans des pays touchés par l’hyperinflation ou le contrôle strict des devises, ces cryptos offrent une protection et une réception quasi instantanée des fonds
analyse Henry Kim, professeur à York University (Canada).
Ce potentiel est particulièrement visible dans les paiements transfrontaliers, aujourd’hui dominés par des acteurs comme Western Union ou MoneyGram.
Le GENIUS Act va amplifier ces flux en stablecoins, qui étaient déjà en forte croissance
anticipe Darrell Duffie, professeur de finance à Stanford.
Côté e-commerce, les commerçants y trouvent également leur compte : en contournant les réseaux de cartes bancaires, ils abaissent leurs frais de commission, estimés à 187 milliards de dollars en 2024 rien qu’aux États-Unis, selon la Merchant Payments Coalition (MPC). Christian Catalini, chercheur au MIT, résume :
Les stablecoins peuvent redonner du pouvoir de marge aux petits vendeurs, tout en simplifiant les paiements.
Les géants du retail comme Amazon, Walmart ou JD.com envisagent déjà de lancer leurs propres stablecoins pour fidéliser leurs clients et réduire leur dépendance aux banques. Cette stratégie pourrait à terme priver les établissements financiers d’une partie de leurs dépôts.
🔹 Des opportunités pour les entreprises
Au-delà du grand public, les stablecoins s’annoncent comme un levier majeur pour les échanges inter-entreprises. « Pour les transactions B2B, les coûts peuvent baisser de 90 % et les délais passer de plusieurs jours à dix secondes », affirme Liu Qiandgong, président de JD.com. Cette fluidité intéresse particulièrement les multinationales confrontées aux aléas des taux de change.
Ces cryptomonnaies permettent également d’envisager de nouveaux usages : versement de salaires à des employés expatriés sans frais de change, automatisation de paiements via des agents d’intelligence artificielle générative, ou encore sécurisation de flux financiers complexes.
Toutefois, cette révolution numérique inquiète les régulateurs :
Les autorités bancaires craignent un affaiblissement des dispositifs anti-blanchiment
alerte Darrell Duffie. Les questions de cybersécurité restent également un frein, les banques traditionnelles consacrant des milliards chaque année à protéger leurs clients de la fraude.
👁️ L’œil de l’expert plus vite, plus simple
Les stablecoins s’imposent comme une rupture structurelle dans l’écosystème des paiements, avec des impacts économiques considérables. Leur capacité à réduire les frais, accélérer les transferts et contourner les intermédiaires financiers en fait un atout de compétitivité majeur. Mais cette démocratisation pourrait aussi redessiner l’équilibre entre banques, fintechs et géants du commerce, posant de nouveaux défis réglementaires.